Isa nous parle d’une chasse aux phoques

Je pense que mon amie Isa est toute fière et contente d’avoir autant de nouveaux amis. Elle m’envoie un nouveau message. C’est assez clair qu’elle désire que je vous en fasse part.

À la nouvelle qu’il y avait des épaulards dans le Golfe Saint-Laurent, Isa semble avoir réussi à persuader son clan de faire le voyage. Il faut savoir que les épaulards préfèrent l’ouest moins glacé de l’océan Arctique que l’est. Mais Isa qui a déjà passé un hiver dans la Baie d’Hudson ( un coin avec vraiment beaucoup de glace) aime bien l’est. Les épaulards sont des mammifères, ils ont besoin de trous dans la glace pour venir respirer. Les bélugas ont un os coupant très particulier sur la tête qui leurs permet de casser jusqu’à 40 cm de glace, pas les épaulards. Mais que je sache, on n’a jamais trouvé un épaulard mort noyé d’avoir manqué d’air.

Mais de Gjoa Haven au Golfe, il y a plus de 2000 kilomètres, même en empruntant la dangereuse passe d’Igloolik. C’est un voyage qui ne se fait pas sans une mère de clan. Comme les loups et la plupart des animaux civilisés, les clans sont dirigés par une mère de clan. Les épaulards et les bélugas ne font pas exceptions. Il semble que le savoir géographique, les cartes marines en quelque sorte, se transmettent de mère à fille chez ces espèces. Ce serait aussi le cas pour les petits rorquals et ( moins sûr) pour les grandes bleues. Ce serait aussi le cas pour plusieurs variétés de dauphins. Je prétends aussi que le savoir linguistique se transmet aussi par les vieilles dames chez ces espèces. Ce n’est pas pour rien que nous parlons la langue maternelle.

Aussi, Isa nomme une épaulard que je ne connais pas, mais pour la quelle elle semble avoir beaucoup de respect. Pour moi, ça sonne comme Rohata, mais je ne suis pas sûr. Le plus simple sera de lui demander.

Ce que j’en comprends c’est que le clan d’Isa est parti pour le Golfe sous la direction de la grande Dame Rohata. Mais presque tout de suite après la passe d’Igloolik, ils ont trouvé de l’eau libre (sans glace, même si c’est très au Nord) et des phoques sur des plages. On entend très bien les « tocs » d’écholocation et l’imitation qu’elle fait du chant des phoques. Elle finit en nous saluant et s’éloignant rapidement, pressée de rejoindre le groupe pour la grande bouffe. Il faut savoir qu’un épaulard n’hésite pas à s’échouer sur 2 ou 3 mètres pour prendre un phoque sur la plage et le ramener dans l’eau. Pour peu que le niveau d’eau descende rapidement après la plage, les phoques sont en grand danger.