Un questionnaire moi?

C’est bien parce que c’est Isadora et que je l’aime beaucoup. Dire cinq secrets sur moi, c’est compliqué parce qu’il faut que j’en trouve 5. Je suis un ours tout ce qu’il y a de plus banal avec une vie d’ours tout ce qu’il y a de plus banal. C’est peut-être de vivre une vie d’ours parmi les humains qui est original.

Si vous n’avez pas lu le billet précédent, allez-y c’est beaucoup plus intéressant. J’ai tellement l’impression d’être transparent, que ce que je vais dire n’étonnera personne :

1) M’habiller m’emmerde profondément. Quand je suis en ours pas de problèmes, mon poil suffit largement. Mais quand je me déguise en humain, je dois m’habiller, sinon les gens crient, appellent la police et c’est encore plus emmerdant que porter des vêtements. Je réduis au minimum les efforts vestimentaires. J’adopte un pantalon et je le porte jusqu’à ce qu’il perce ( sauf les jours de nettoyage). Si je trouve un gilet portable, j’en achète une douzaine et j’ai trois ans à ne pas me poser de questions.

2) J’ai un gadget pour les enregistrements d’oiseaux. On ne peut pas traîner une table de montage en forêt. Les prises micro sur les ordinateurs portables sont absolument dégueulasses. Je n’ai jamais trouvé une carte-son à mettre dans un ordino portable qui me convienne. Alors j’ai fait fabriquer un tout petit atténuateur-pré-amp et mélangeur à partir d’une machine à karaoké. Ça fait des merveilles surtout parce que cela me permet d’atténuer à l’enregistrement les bruits de fond très difficile à enlever après. Et ça fonctionne sur piles.

3) Ça fait 8 ans que je n’ai plus de permis de conduire, et j’en suis bien heureux. L’auto c’est la liberté, mais aussi un énorme esclavage. J’ai pris la décision de me passer d’auto après m’être fait dire et répéter : « il parle d’écologie et conduit une bagnole ». Je sais, avoir ou ne pas avoir une bagnole ne change rien au problème. Il faut modifier les structures industrielles et surtout l’agro-buisness. C’est un problème politique plus qu’individuel. Cela dit ce n’est pas une raison pour répandre ses cochoncetés partout. Ça change vraiment beaucoup de trucs dans la vie, mais on vit mieux sans bagnole qu’avec. Cela dit je sais que dans quelques années, je ne pourrai plus me déplacer en vélo comme je le fais, je devrai où quitter la forêt que j’aime, où trouver une solution motorisée.

4) A ma grande surprise, mon cœur ne vieillit pas. Je me pensais blindé, avoir tout vécu, être à l’abri, souriant à la vue de la passion des autres : oui, ce sont de bons souvenirs. Mais depuis peu, me voilà pris comme un ado, peureux, gauche, et troublé, je ne sais pas quoi faire de ses sentiments qu’on ne sait jamais comment nommer, qu’il vaut mieux ne pas nommer, de peur que les mots fassent plus de ravages encore que les sentiments. Je pense bien pouvoir reprendre le contrôle de moi, mais plus tard… je veux réapprendre à me tromper, à me mentir juste assez pour profiter de ces quelques instants.

5) J’aime pas les vieux. Les donneurs de leçons, ceux qui savent, les peureux, ceux qui ont des solutions, les : « tu verras! ». Et il m’arrive d’en être et j’ai très honte après. Parce que ce qui va venir est forcément imprévisible, et que les vieilles solutions ne fonctionnent pas et que ce sont les jeunes qui sauveront le monde. Nous l’avons sauvé à notre façon et nourrissant six milliards de personnes, même si cela a épuisé une bonne partie des ressources de la Terre. Il faut trouver autres choses et ce sera les jeunes actuellement à l’école qui vont le trouver, quelque chose qui ne tue pas, qui ne détruit pas. Ce n’est pas « tu verras » mais regarde, et trouve… je n’ai pas le droit de condamner ou punir, parce que je suis beaucoup plus condamnable et punissable puisque je l’ai fait, eux le feront.