Jour de la sauce

Grande journée de bonheur pour moi, on arrête la course folle et mes deux fils et moi on va se cuisiner la super sauce à spaghetti familiale.

Finalement, la nuit a été poche. Poche, dans la langue des jeunes d’ici, cela veut dire sans intérêt particulier, gris… Un père a hautement intérêt à ne pas être poche. Oui –27 c’est froid, mais avec le facteur vent la journée a été plus froide. Le vent est tombé, il ne restait que le froid, l’air si dense qu’on a l’impression de devoir le mastiquer avant de l’avaler. Et puis, quand on n’est pas dans une rue qu’on déneige avec l’équipement lourd, le silence de l’hiver qui sonne tellement différent de celui de l’été.

Mon jeune fils (15 ans ce n’est pas si jeune) veut apprendre la base de l’autonomie dans notre famille, la fabrication de la sauce à spaghetti. De plus, il a compris que maintenant un garçon pour être vraiment sexy doit impérativement savoir cuisiner. Alors, c’est lui qui dirigera l’effort collectif, histoire de bien contrôler la méthode et s’assurer de pouvoir la reproduire en toute circonstance.

J’espère seulement que nous réussirons à transmettre la méthode sans le noyer sous les conseils oiseux. Parce qu’évidemment chacun a ses particularités, sa touche personnelle qui fait que même si on est d’un clan, on a quand même une individualité. C’est l’esprit qu’il faut transmettre, pas une recette. La sauce c’est comme l’amour, il faut l’apprêter selon les circonstances.

Il y a pour moi un moment intense de bonheur dans le partage de la cuisine avec mes fils. Les gestes simples qui unissent, les blagues faciles dont on rit quand même. C’est beaucoup plus la tendresse qu’on apprête que les légumes.