La mort fait partie de la vie

J'ai souvent parlé de l'Équilibre, mais la société industrielle en est tellement loin qu'il est devenu difficile de parler de prédation, d'auto-régulation sans avoir l'air de faire la promotion de la fin de la vie. Pourtant j'oserai...

Quand j'entends parler de gestion de la ressource faunique, halieutique ou des stocks animaliers, j'ai peur. Je ne sais pas qui gagnera la course et pêchera les derniers poissons des océans, mais ce sera très bientôt. Pourtant, la prédation est un sinon le mécanisme qui a permis la diversité des espèces animales, leurs survies et l'équilibre des milieux.

Il nous semble évident pour que les arbres soient en santé, on a besoin de pucerons qui permettent le renouvèlements des feuilles, comme on a besoin de coccinelles pour empêcher les pucerons de tout dévorer, et de petits oiseaux pour empêcher les coccinelles de manger tous les pucerons... et je pourrais continuer comme ça durant des heures. La vie est un complexe réseau d'interdépendance, et nous sommes encore très loin d'en avoir étudier tous les mécanismes.

On le comprend bien quand on voit une meute de loups chasser le troupeau de caribou. La chasse est lancée et tout le troupeau court les petits presqu'en avant protégé par des femelles à grands bois. Rapidement une hiérarchie se met en place où les vieux et les jeunes malades se retrouvent en arrière. Une bête s'arrêtera. Et le troupeau pourra reprendre une marche moins épuisante, qui conserve les ressources du troupeau. Les loups éliminent les faibles et les malades du troupeau. Les loups empêchent aussi qu'il y ait trop de caribous, pour les faibles ressources du Nord. Trop de caribous, tout le troupeau a faim, et s'effondre d'une épidémie.

Si les loups couraient un peu plus vite que les caribous, il n'y aurait plus de caribous ni de loups depuis longtemps. Il y a équilibre. De fait, l'Équilibre est encore plus complexe parce qu'il implique des bactéries, des virus, des vers, des charognards, des insectes... l'Équilibre est la vie dans sa beauté et sa complexité.

À chaque étape du grand processus de l'Équilibre, on doit comprendre que le prédateur est au service de la proie, au service de la mort individuelle qui permet la vie de tous. Et plus le prédateur est haut dans la chaine qui permet le maintien de la vie, plus sa responsabilité est grande. Nanuk, ursus maritimus a été au sommet de la pyramide de la vie, mais il a été négligent... Il ne s'est occupé que de son Nord, et a laissé les humains se multiplier au-delà de l'équilibre. En toute logique, le payera de sa survie.

Pour ceux de la forêt, l'ours se dit Makoua. C'est pourquoi une fête se dit Makoushan. La cérémonie de l'ours, le moment où on remercie l'ours d'être le gardien de l'Équilibre.

Dans la folie des villes, il est bien difficile de voir cet équilibre. Et je comprends très bien qu'on ne soit pas d'accord avec moi quand je dis que tous les humains devraient un jour chasser, pour connaître le prix de la vie, le prix du sang, le prix de la mort comme essentiel à la vie. Mais manger de la viande aseptisée dans des emballages de plastiques demeure pour moi un manque de respect pour la bête qui a donner sa vie pour que la Vie continue.

Comme le chat trop vieux, trop malade que le vétérinaire tue et jette. C'est ne pas respecter sa fourrure, ne pas respecter sa viande, lui qui nous a donné tant d'amour. Dans les villes ce que je dis n'a probablement plus de sens, pourtant...