Encore des oies

Le décompte est maintenant fait, l'an dernier on estimait le nombre d'oies blanches à 758 000 cette année il y en aurait un million quatre mille. Ce n'est pas une bonne nouvelle.

La population de grandes oies des neiges augmente de plus en plus. À première vue cela semble une bonne nouvelle, mais il faut se méfier des ruptures d'équilibre. En 1950, à cause des excès de chasse, il restait moins de cinq mille oies blanches. C'est le début de la production intensive du maïs dans les plaines américaines. Une nourriture très favorable aux oies.

En 1970 la population aura doublé cinq fois pour passer les cent mille individus. Vingt ans plus tard, on en sera à quatre cent mille (1994) et la croissance est toujours explosive. Plus d'un million d'oies, avec vingt pour cent de jeunes dans le troupeau. Comme pour les phoques, je crains le désastre.

Si au printemps les oies sont exceptionnellement grasses et en forme parce qu'elles mangent du maïs tout l'hiver, à l'automne je les trouve franchement maigrichonnes. Elles se nourrissent surtout de scirpe dans le Grand Nord et la production des marais est nettement insuffisante pour autant d'oiseaux. Pour la population qui réussit à nicher à l'Ile Bylot, ça va, on ne peut mettre beaucoup plus que 100 000 nids. Alors les autres nichent ailleurs autour de l'Ile, dans des conditions nettement moins favorables.

Je sais c'est la troisième année que je fais le même billet... Il n'y a toujours pas de désastre. Je suis donc un alarmiste qui crie au loup pour rien. J'espère tellement être un alarmiste qui crie au loup pour rien...

Durant la migration d'automne le taux de mortalité est de l'ordre de 25%. Malgré cela, la population augmente encore. Le danger c'est une bactérie ou un virus qui peut provoquer un terrible désastre. La loi de l'équilibre encore et encore. Espérons que la population d'oies baisse de façon ordonnée et qu'il n'y aura pas une crise qui pourrait faire disparaître ces oiesaux magnifiques.