Dure Nuit

Il faut que je retourne dormir, la nuit a été trop mouvementée.

Des rêves, des rêves, de la folie pure au presque cauchemar, ma nuit a été peuplée de tous mes fantômes, ceux que je connais bien et des nouveaux entre aperçus dans une frénésie de personnages se formant et se déformant. Après plusieurs scènes sans importance, dont je ne souviens que de quelques têtes, une grande salle avec des joueurs de pokers peu conventionnels faisaient des parties sur plusieurs tables en se criant après dans plusieurs langues. Ma vieille mère y passe, vêtue d'un peignoir défraichi, appuyée sur deux cannes et tentant de dire gentiment à tous ces gens, de faire moins de bruits, elle veut dormir.

Moi, je passe d'un groupe à l'autre, d'une table à l'autre cherchant mon amoureuse avec plus qu'une pointe d'inquiétude ( habituelle et normale, je suis inquiet de nature) mais aussi une trace de jalousie ( moi jaloux ? Je m'en inquiète). Elle n'est pas là et je tourne dans la pièce de plus en plus vite mélangeant tous les visages dans ma tête.

Un phare d'auto très proche m'aveugle. Panique, je me réveille. Ce n'est que la pleine lune, très brillante dans l'air froid qui vient de passer le coin de la maison et plonge directement sur mon lit. La pleine lune, la nuit des fantômes, la nuit où mon attrapeur de rêves peine à bloquer les images rampantes qui tentent de nous emporter dans le second monde.

Ouf! La tension tombe... je me pousse tout au fond du lit, là où la lune ne peut me rejoindre. Avant de fermer les yeux, je vois sur le mur de ma chambre les dessins de la réflexion sur la neige de toute cette lumière. Il doit venter un peu, ça bouge... à peine, mais ça bouge, un peu comme des aurores boréales... il n'y a pas vraiment de couleurs, c'est bleu-blanc, ou vert-blanc, mais ça danse lentement comme...

Oui comme la lumière sur le lac quand une brise l'effleure... et sur ce lac, une ombre se glisse et j'entends le rire du fou :

Juan le Roi, le huard, tu m'as fait très peur. Je me suis tourné et retourné dans mon lit pour le reste de la nuit. Et maintenant, je ne pense qu'à retourner me coucher. Dure Nuit.