Comme tous ceux qui ont des enfants

Que dire à nos enfants qui nous regardent et comprennent très bien la catastrophe qui s'envient.

Dans la blogosphère québécoise une petite nouvelle qui promet : « Touchée! ». Oui un autre blogue de maman, mais d'une maman qui tient une réflexion sur l'art et ça c'est plus rare.

Son billet : « Submergée dans un océan de questions » me touche effectivement, nous voilà au cœur de ma réflexion. Nos enfants ne sont pas stupides, et l'école québécoise fait un excellent travail de sensibilisation. Nos enfants nous regardent et je peux lire dans leurs yeux, le doute, la crainte, la quasi-certitude que quelque chose ne va pas, qu'il faut faire quelque chose. Ce n'est pas l'école qui peut résoudre le problème, alors ils tournent leurs grands yeux vers nous et nous demande... ce n'est plus la crainte du monstre qui se cache sous le lit, ce n'est plus la peur du méchant ou du voleur, c'est la simple évidence que la vie est menacée, et menacée par la machine à produire, à développer.

Mais que puis-je faire ? Moi qui suis prêt à tout pour mes enfants, que puis-je faire ? Je trie mes poubelles, et je tente de moins consommer, mais en même temps j'essaie d'acheter ce qu'il y a de mieux pour eux, je leur veux un monde tendre et sans problème. Que puis-je faire ?

Il faut d'abord éviter le piège de la culpabilité. Il faut refuser de se laisser dire que c'est de la faute des consommateurs et que si chacun était conscient du risque des enjeux le monde irait mieux. La majorité des Canadiens sont contre l'exploitation des sables bitumeux et pourtant ça continue, la majorité des gens veulent des aliments sains, mais le modèle agricole continue à sur-utiliser les pesticides et les engrais. La majorité des gens conspue le sur-emballage et pourtant on emplit les dépotoirs de plastiques et de papiers qui n'ont servi qu'à rendre l'objet attrayant. On veut la protection de la mer et pourtant la surpêche continue. Dès qu'un nouveau service de transports en commun est mis en place, il est tout de suite pris d'assaut et pourtant il y a des milliards de dépenses dans de nouveaux projets d'autoroutes inutiles.

Oui toi tu veux, mais ton gros con de voisin... Je suis aussi le gros con de voisin de milliers d'autres humains, qui comme moi ne comprennent pas tout, ne sont pas capables de tout expliquer, mais veulent qu'il reste un monde pour nos enfants. Je refuse de me considérer comme différent, instruit, conscient ou quoi que ce soit, parce que je suis loin de tout savoir, de tout comprendre. Je suis comme mes voisins, et si je suis conscient de quelque chose c'est justement, que comme tous les parents, le regard de mes enfants avec leurs grands yeux et qui me demande de l'air, de l'eau, de la terre, un monde pour vivre.

Contre la grande machine à tout détruire, contre le pouvoir des banques, seul je ne peux rien, et je suis forcé de dire à mes enfants que je ne vois pas de solutions, que je regrette... Mon action doit être politique. Comme vous, je n'ai plus aucune confiance dans les partis politiques qui nous promettent tous plus de croissance, d'aller plus vite vers le suicide. Moins de gouvernement et plus de richesse... moins de contrôle sur les pollueurs, et plus de produits inutiles pour grossir plus vite le dépotoir, le dernier espace à vivre pour nos enfants.

Crier, dire non! Nos enfants nous le demandent.