Comme tous ceux qui ont des enfants
lundi 3 mai 2010, 16:15 Ecolo Lien permanent
Que dire à nos enfants qui nous regardent et comprennent très bien la catastrophe qui s'envient.
Dans la blogosphère québécoise une petite nouvelle qui promet : « Touchée! ». Oui un autre blogue de maman, mais d'une maman qui tient une réflexion sur l'art et ça c'est plus rare.
Son billet : « Submergée dans un océan de questions » me touche effectivement, nous voilà au cœur de ma réflexion. Nos enfants ne sont pas stupides, et l'école québécoise fait un excellent travail de sensibilisation. Nos enfants nous regardent et je peux lire dans leurs yeux, le doute, la crainte, la quasi-certitude que quelque chose ne va pas, qu'il faut faire quelque chose. Ce n'est pas l'école qui peut résoudre le problème, alors ils tournent leurs grands yeux vers nous et nous demande... ce n'est plus la crainte du monstre qui se cache sous le lit, ce n'est plus la peur du méchant ou du voleur, c'est la simple évidence que la vie est menacée, et menacée par la machine à produire, à développer.
Mais que puis-je faire ? Moi qui suis prêt à tout pour mes enfants, que puis-je faire ? Je trie mes poubelles, et je tente de moins consommer, mais en même temps j'essaie d'acheter ce qu'il y a de mieux pour eux, je leur veux un monde tendre et sans problème. Que puis-je faire ?
Il faut d'abord éviter le piège de la culpabilité. Il faut refuser de se laisser dire que c'est de la faute des consommateurs et que si chacun était conscient du risque des enjeux le monde irait mieux. La majorité des Canadiens sont contre l'exploitation des sables bitumeux et pourtant ça continue, la majorité des gens veulent des aliments sains, mais le modèle agricole continue à sur-utiliser les pesticides et les engrais. La majorité des gens conspue le sur-emballage et pourtant on emplit les dépotoirs de plastiques et de papiers qui n'ont servi qu'à rendre l'objet attrayant. On veut la protection de la mer et pourtant la surpêche continue. Dès qu'un nouveau service de transports en commun est mis en place, il est tout de suite pris d'assaut et pourtant il y a des milliards de dépenses dans de nouveaux projets d'autoroutes inutiles.
Oui toi tu veux, mais ton gros con de voisin... Je suis aussi le gros con de voisin de milliers d'autres humains, qui comme moi ne comprennent pas tout, ne sont pas capables de tout expliquer, mais veulent qu'il reste un monde pour nos enfants. Je refuse de me considérer comme différent, instruit, conscient ou quoi que ce soit, parce que je suis loin de tout savoir, de tout comprendre. Je suis comme mes voisins, et si je suis conscient de quelque chose c'est justement, que comme tous les parents, le regard de mes enfants avec leurs grands yeux et qui me demande de l'air, de l'eau, de la terre, un monde pour vivre.
Contre la grande machine à tout détruire, contre le pouvoir des banques, seul je ne peux rien, et je suis forcé de dire à mes enfants que je ne vois pas de solutions, que je regrette... Mon action doit être politique. Comme vous, je n'ai plus aucune confiance dans les partis politiques qui nous promettent tous plus de croissance, d'aller plus vite vers le suicide. Moins de gouvernement et plus de richesse... moins de contrôle sur les pollueurs, et plus de produits inutiles pour grossir plus vite le dépotoir, le dernier espace à vivre pour nos enfants.
Crier, dire non! Nos enfants nous le demandent.
Commentaires
Merci de dire ici qu'il est inutile culpabiliser le consommateur lamba, qui n'y est pour rien. C'est à niveau industriel/bancaire/gouvernemental que les choses se jouent.
Je vais aller voir les liens que tu proposes.
Merci,
BM
Et même nos enfants sont la prochaine génération de gros cons de voisins, de dirigeants, de politiciens... parfois ça me désespère...
J'ai l'impression que c'est encore pire que cela, on commence à réaliser que les banques et les multinationales sont à présent supra-nationales, et nos voix, même celles de nos politiques n'y font rien.
Ce que les peuples du monde doivent faire c'est trouver une voix du peuple, un point commun à tous et agir partout et ensemble... Ce que nul personne avant nous n'ont réussit à réaliser.
Tili--) ce que tu dis est à la fois très vrai et en grande partie faux, ça mériterait un billet. Tant que les gouvernants courent après l'enrichissement, la croissance d'un PNB même si les pauvres deviennent plus pauvres, ils sont à la merci de ces super-pouvoirs trans-nationaux, le marché aux esclaves. Pourtant, il est possible de dire non, ce sera très durs pour les très riches, mais beaucoup moins pour les pauvres. Qui a besoin d'Xtrata, de Pfiser, Standard Oil ? Et encore plus qui a besoin de Goldman Sach, Standard&Poor's pour ne citer que ceux qui ont actuellement le plus de pouvoir sur nos états (enfin ceux que je connais).
Anne--) Il y a tellement plus de citoyens ordinaires dépassés mais voulant faire mieux que de dirigeants, que nos enfants seront plus probablement dans le camp des premiers.
Beauté--) la culpabilité est une arme qui ne fait que nous blesser. tenter de comprendre et de faire mieux. Mais je ne peux pas être coupable de tous les crimes du monde.
je rejoins Tili, et ce que tu as déjà écrit. C'est le fric qui gouverne, au-dessus même des Etats.
Nous sommes dans un drôle de paradoxe, nous avons tous tellement en commun que nous ne voyons que ce qui nous sépare et qui va nous séparer jusqu'à ce que nous en mourrions tous.
Désolée mais je n'ai plus l'once d'une goutte d'espoir. Dire non, crier non, ne sert à rien non plus. Ou disons sert autant que trier ses déchets. La seule manière de lutter c'est à armes égales et nous sommes tous moins riches que ceux qui en "créent" détruisant la planète.
La marée noire qui va bousiller la Louisiane n'aurait pas pu avoir lieu en Hollande ou au Brésil parce que les lois obligent à des valves de sécurité pour limiter cela. Valves qui coutent très cher et qui n'ont donc pas été installée là où elles ne sont pas obligatoires.
Et des exemples il y en a des centaines. Des messages aussi fort que Océans et Unbelievable truth des dizaines. Des voix qui hurlent, des millions. Et cela change quoi ?
Rien !
Et ce n'est pas une raison pour arrêter, c'est juste une raison suffisante pour arrêter d'espérer
Nous avons plus de pouvoir que nous croyons, mais nous nous en servons trop peu. Oui les transnationales et les gouvernements détiennent une très large part de responsabilité dans l'état pitoyable de la planète et du niveau de vie de la plus grande partie des humain-es qui la peuplent. Mais prenons tout de même notre part de responsabilité sans nous écraser pour autant sous le poids d'une culpabilité paralysante. Nous participons bel et bien au maintien de cette société. Par contre, nous souhaitons tous laisser une planète vivable pour nos enfants. Et nous savons tous que nos enfants nous accuseront - et avec raison - si nous la leur transmettons dans un état pitoyable, ce que nous sommes bien partis pour faire. Que diable, cessons de voter pour des gouvernements conservateurs ou néolibéraux, impliquons-nous, sortons dans la rue pour autre chose que de fêter une victoire des Canadiens, informons-nous, critiquons, proposons des alternatives et cessons de nous croire impuissant-es. Le changement ne peut provenir que de nous. Il ne viendra pas d'en haut. Mais nous avons le pouvoir du nombre et nous avons raison. Ça prend beaucoup de temps avant de changer les choses, mais rien ne change quand on baisse les bras en se disant à quoi bon.
Nicole--) oui, c'est ce que je tente de faire chaque matin. je dénonce, critique, et je tente d'organiser une riposte, parce que seul je nepeux rien mais ensemble....
Et puis je tente de montrer la Beauté du Monde, parce que c'est la raison de vouloir qu'il se continue.
Je crois beaucoup à la puissance de l'exemple que nous donnons à nos enfants. Lorsque mon fils sait depuis toujours que je recycle tout, lorsque jeune, je le grondais lorsqu'il avait le malheur de jeter son pot de yogourt ou autre dans la poubelle et que j'insistais pour qu'il le rince et le dépose dans le bac, lorsqu'il me voit composter et récupérer l'eau de pluie, lorsque je le vois faire des supers achats au Village des valeurs ou dans nos comptoirs de quartier et qu'il est fier du prix ridicule qu'il a payé, alors je me dis qu'il y a espoir...
Le sentiment de culpabilité est encore là. Je me dis que je peux faire encore plus et qu'il y a toujours place à l'amélioration.
Oui, je suis touchée par ce que vous écrivez, je partage tellement ce sentiment ! Je suis française et je pense comme vous !!!
Que faire ?
Et je suis d'accord, le pouvoir de l'argent et les flux monétaires, qui passent par le luxembourg et la Suisse ( en permettant entre autre de faire rentrer de l'argent sale dans la grande pompe à fric mondiale) sont bien plus puissants que nos politiques, des fantoches à la solde des véritables puissants de ce monde : les gros actionnaires des multinationales.
Béa--) la révolution !!! oui, pas sûr que ça marche, en attendant on va dénoncer aussi fort que possible.