Oiseaux de Paris : L'habit du moine

À le regarder, on pourrait penser que ce petit pépère rondouillet est la gentillesse même. Attention! Le rouge-gorge est un féroce combattant.

Le rouge-gorge fait parti de la relativement nouvelle famille des Muscicapidés qui était autrefois classés avec les turdidés (les grives) dont les membres partagent trois grandes caractéristiques principales: manger des insectes, bien chanter et être férocement territorial durant la nidification. Les études génétiques nous disent que non, ils ne sont pas vraiment parents. Je dis surtout cela pour les Québécois qui appellent rouge-gorge le merle d'Amérique, une grosse grive 5 fois plus lourde que le rouge-gorge.

Le mâle rouge-gorge n'a rien de discret. Si l'hiver, on voit ces mauvais garçons en grosse bande de dévoreurs de larves, l'été c'est un oiseau par territoire et pas question de passer les frontières. Les combats de rouge-gorges durent parfois une heure, et l'objectif est de mettre l'adversaire sur le dos, pour l'attaquer à la gorge et le tuer si possible. Heureusement, souvent le plus faible comprend le danger et se sauve. Mais certains se battent pour l'honneur et il n'y a rien de plus stupide et mortel que l'honneur des soldats.

De fait la meilleure piste pour comprendre le comportement de ces oiseaux combattants, c'est le bushido, le code des samouraïs. Autant en dehors de la période des combats, ce sont des oiseaux qui cultivent l'équilibre, l'art (du chant) et la camaraderie du soldat, durant la saison des nids, seul compte l'affirmation de sa puissance, la férocité et l'audace.

Encore une photo piratée. Voilà pourquoi je dois aller à Paris faire les miennes. Mais comme elle est offerte en fond d'écran, je présume qu'il n'y a pas de droit.

Il ne fait pas de doute qu'après manger, le chant est l'activité principale du rouge-gorge. Affirmer comme défi au monde, que je suis plus le plus beau et le plus fort. Il n'a peur de rien et surtout pas de vous.

Si vous chats ne virent pas fous, ce n'est certainement pas faute d'avoir essayer. Je ne marche pas sur la voie du guerrier. Je préfère l'esprit du loup qui comprend la prédation comme mode de régulation, comme façon d'atteindre l'équilibre plutôt que comme une gloire personnelle. Et comment ne pas voir dans ce petit oiseau de 15 grammes qui s'affirme le plus fort, l'échec du projet guerrier.

Le plus fort est le plus faible parce qu'il dépend des faibles pour sa survie. Voilà ce qu'il faut comprendre après s'être émerveillé du chant d'affirmation du rouge-gorge.