Pause, une ballade

Une petite ballade pour se reposer de mes lourdes réflexions…

L'automne dernier, à ma ouache de pays de la Belle Endormie (Pohénégamouk), c'est encore septembre mais il y a eu une belle gelée durant la nuit très claire. Il n'y aura pas de moustique dans la forêt, c'est le temps d'aller voir les petits frères bavards, oui c'est comme ça qu'on appelle les castors.

Même s'il est tôt, la Soleil (la jeune dame Kisu) n'est pas encore sorti de son lit, je prends la bicyclette pour les 5 premiers kilomètres, les castors aiment la matin et passent les chaleurs de la journée à la maison. Tout va bien il n'y a pas d'humain et la forêt bruisse doucement des petits qui se lèvent aussi tôt que moi.

Je laisse la bicyclette pour remonter le long du torrent où sont installé les castors quand je perçois que je suis observé. Je me retourne doucement pour voir qui me regarde, et… je ne sais pas ce que c'est… certainement pas un chien, trop loin des habitations, pas un loup… sauf s'ils sont imprégnés durant l'enfance, il fuit les humains comme la peste… pas un coyote, il est trop gros, pas de la bonne couleur et surtout la mâchoire est beaucoup plus forte.

Il m'examine, peu de risque d'être attaqué, je suis une beaucoup trop grosse bête pour lui. Les loups chassent en meute, les coyotes en solitaire, peut-être veut-il me dire quelque chose… je parle un peu le loup, pas du tout le coyote, mais assez bien le chien, je tenterai donc avec ce dialecte.

Je m’accroupis en souriant, je ne suis pas agressif, je veux jouer, échanger. Il s'accroupit un peu lui aussi, preuve qu'il a compris le message commun à tous les canidés (je crois), mais ce relève assez rapidement… non il ne veut pas venir au contact à cette première rencontre. Il se retourne et part en trottinant de la démarche souple des coyotes, mais avec des jambes beaucoup plus fortes. Je le vois jeter un petit regard derrière lui, l'air de rien… je ne sais pas s'il m'invite à le suivre ou veut simplement dire que la rencontre a assez duré. J'hésite à prendre la bicyclette… non le code de politesse de la forêt me dit de laisser chacun à sa tâche.

En revenant à la ouache, une rapide recherche internet me dit que j'ai rencontre mon premier coyloup, un hybride enter loup et coyote de plus en plus présent dans l'est de l'Amérique. Il est probablement remonté des USA vers ma région parce qu'il y a beaucoup de cerfs de Virginie une proie à sa taille. J'ai aussi appris que ces coyloups, ne craignent pas l'humain, peuvent vivre dans les villes la nuit, regardent de chaque coté avant de traverser les rues et se nourrissent principalement de poubelles et de chats.

Il me reste un espoir au fond du cœur. Peut-être que les loups ne sont pas tous partis quand les agriculteurs sont arrivés chez moi, il y a moins de 100 ans. Peut-être que derrière la deuxième ligne de montagnes, il y a encore de vrais loups, de grands loups du nord, qui vivent leurs vies secrètes et austères.