Merle alors!

Voilà le printemps qui se ramène!

Ça y est, ce matin aux aurores, j'ai entendu les merles affirmer leurs territoires. N'en doutez pas ça veut dire que le printemps est là. Oui nous avons déjà entendu quelques merles qui espéraient ou voulaient nous faire croire, mais ce matin pas de doute chacun est revenu au boulot, la saison des amours est de retour.

 

L'hiver, les merles peuvent se coller ensemble pour se protéger du froid, se tenir compagnie, attendre que le temps passe… mais dès que le printemps se pointe, plus question de partager un ver (de terre) avec les copains, il y a ma cours et ma copine et pas question qu'un intrus s'approche. D'ailleurs en ce moment les femelles aussi sont agressives si elles ont trouvé un partenaire intéressant. Pas question de partager avec les copines, c'est la guerre pour le mâle puissant. Bon les batailles de filles sont quand même plus rares, mais quand il faut elle sera plus violente que celles des mâles généralement plus démonstratives que méchantes.

 

Dès qu'une lueur de jour apparaît, monsieur merle s'installe sur un perchoir et crie très fort, ici c'est chez moi. Sacré boulot! Et avec l'éclairage urbain, certains mâles chantent presque jour et nuit avec pour résultat qu'ils maigrissent et peuvent même en mourir ( c'est quand même rare). Mais puisque chanter il le faut. Allons-y gaîment. Il y a des phrases de base, mais il est bien important d'avoir ses propres interprétations et variations, de mettre de l'emphase et du panache, et puisqu'on a tous les mêmes plumes noires ou presque, les copines nous choisiront à cause de la puissance et de la qualité du chant.

 

Oui, c'est le printemps. C'est le temps des forts. Un peu plus tard, les merlettes iront voir les poètes, les chanteurs plus subtils. Dans la plus part des nids, les œufs sont fécondés par deux mâles, mais il ne faut pas le dire, les mâles forts ne le savent pas.

 

Oui, c'est le printemps… Je suis encore en hiver… et je ne suis plus des forts, j'espère seulement que ma petite voix sera entendue même si je ne défends pas un territoire. Je n'ai plus rien à défendre sinon la tendresse.