En canot

Je ne fais pas beaucoup de billets en ce moment, je ne vais pas très bien... Espérons que ça va revenir. Voici un passage de mon roman Mains-de-feu qui comme vous le savez est disponible sur Lulu.con

Le rapide approche, vite ! Être bien réveillé, conscient, à l'affut et prêt à réagir. La prise d'équilibre lui permet de voir que ses bras ne le font plus souffrir, qu'il fait toujours aussi beau, que le soleil est chaud, qu'on laisse peut-être des amours derrière soi, mais qu'on va à l'aventure, à la découverte du monde, tout ce qu'il faut pour devenir un héros !

Une volée de canards se lève du delta d'une rivière : koua, koua, koua, kouak... ils s'amusent bien de l'image de Mains-de-Feu en héros, ridicule petit homme qui se prend pour un grand, à l'avant de ce canot.

et voilà un ciré. Au cri « à droite », il plonge l'aviron et tire de toutes ses forces, finie la rêverie, c'est la grande danse sur le dos du vison fou. Le canot semble connaître la route, il évite les pièges, plonge parfois mais n'embarque pas d'eau, il sent la piste comme un chien flairant un lièvre, le nez collé à l'eau. Un bon canot. Ça se termine par une petite chute et l'immense rivière en profite pour donner toute sa voix, ça gronde et ça fume, mais impossible de l'éviter, le canot va trop vite. Mains-de-Feu aspire tout ce qu'il peut d'air quand il voit le vide sous lui - ils vont tomber, le canot va se retourner et ils auront à nager ! ! !

Non, Ours-Patient connait son affaire. Le canot plonge, embarque un peu d'eau, mais ressort tout content de s'ébrouer au soleil. Les voilà passés et encore une fois la rivière s'élargit rapidement et s'étend presque à perte de vue. Elle reprend sa lente marche vers la mer. Bientôt, un banc de sable qui doit marquer un méandre l'été, mais qui maintenant est une île fragile dans la grande fonte des neiges des montagnes. On dirige le canot pour se poser là, le temps de vider l'eau et de s'étirer les jambes.