Diomède le hurleur

Ma copine Shrekette me demande une histoire d’albatros. Je n’en connais pas, ils vivent loin au Sud en Antarctique, ce qui veut dire: là où il n’y a pas d’ours. Alors j’ai demandé à un grand poète du sud Apotom, (le curieux) mais c’est difficile à traduire le mégaptère du sud. J’espère ne pas trop me tromper.

--Voilà le tâche est accomplie, je peux repartir. J’ai comme toujours fait semblant. Je sais que mon épouse me trompe, qu’elle en aime un autre, c’est cette méchante Aphrodite qui l’a ensorcelé, mais je suis responsable, j’assurerai la continuité quoi qu’il m’en coûte. Le petit est maintenant autonome, je peux repartir.

 

On me nomme albatros… le gros blanc, quelle insulte. Je suis Diomedea exulans, le Hurleur, Diomède le héros, l’ami d’Ulysse, le guerrier absolu, le protégé de la Chouette Athéna. Mais il ne sert à rien d’être un héros, il ne sert à rien d’être victorieux à toutes les guerres, les dieux ne me pardonnent pas d’être aussi fort qu’eux. Alors partout j’ai été rejeté, jusqu’à cette mer infinie, qui n’arrête jamais de rouler ses eaux autour du monde. Quand il m’a fallu fuir, c’est Athéna qui m’a donné de si grandes ailes, pour que j’aille hurler partout que les dieux ne sont que mépris et haine envers les humains.

Je plane. Cela veut dire se déplacer en dépensant le moins d’énergie possible, monter la grande vague pour profiter de la poussée du vent. Ne pas lutter, mais redescendre pour glisser longtemps longtemps à l’abri et quand la vitesse diminue on remonte pour reprendre de l’énergie au grand vent. Je bouge à peine quelques plumes, je me protège. Je suis le guerrier: je sais qu’il faut se détendre, faire corps avec le temps jusqu’au moment… le guerrier n’a qu’un ennemi : le temps. Il sait quand ne pas agir et quand agir. Alors je plane…

 

Je vis au cœur de la tempête, mais la tempête dans mon cœur est bien plus terrible. Je surveille et j’attends le moment où je pourrai les détruire. D’ici là, je hurle encore plus fort que le vent que les dieux ne sont que destruction.

 

Je ne veux pas mourir. J’ai trop de haine de ceux qui m’ont volé ma famille, ma maison et mon île. J’ai trop de haine envers ces dieux pour aller les rejoindre. Je vais la hurler ma haine, jusqu’à la fin de mon ennemi : le temps. Alors il n’y aura plus rien que la mer et moi.

 

Je vais continuer de hurler, la vie a un sens, maudire ces dieux qui veulent nous asservir.