La danseuse de la rivière

La grande a traité sa petite sœur de bécasse! Drame, il me faut intervenir…

Voilà la bonne occasion pour faire une petite excursion. Je regroupe les enfants, on prend vite vite un pique-nique et on part vers la rivière. On doit revenir aussitôt pour attacher le chien très triste de ne pouvoir nous accompagner, mais il serait impossible de voir le spectacle avec ce remuant spectateur qui voudrait manger tout ce qu’il voit, même s’il est particulièrement nul à la chasse.

 

Un jeune peuplement de bouleau et une plage de limon et de sable, voilà l’endroit parfait pour les vers de terre, donc pour une bécasse d’Amérique. On installe la couverture, et on s’installe très confortablement parce que les bécasses sont difficiles à voir, le camouflage est très bon.

 

Coup de chance, ce matin il y a leçon de danse. La bécasse mange surtout des vers de terre. Donc il est important que le vers n’entende pas la bécasse marcher sur le sol sinon il descendra et l’oiseau n’aura pas de dîner. Aussi quand elle chasse, elle pratique une danse sautillante à démarche saccadée pour que cela ne semble pas l’approche d’un prédateur. Mais ces danses, les petits doivent les apprendre et elles varient d’un groupe de bécasses à l’autre.

 

On admire maman (ou papa impossible de savoir) qui exécute la danse et surveille deux petits qui tentent les mêmes mouvements. Un des petits manque d’enthousiasme et l’enseignant doit le rappeler à l’ordre d’un coup de bec assez ferme. La classe reprend. Je ne sais pas qui a fait du bruit mais les bécasses sont averties de notre présence, et pouf! disparaissent très rapidement.

 

J’aurais bien aimé le vol de parade du mâle bécasse particulièrement impressionnant avec des culbutes et des descentes en piqué tellement rapide que les ailes sifflent. Mais c’est plutôt à la tombée du jour et là, il est même pas midi. Et qu’un pique-nique reste un pique-nique et que le grand plaisir c’est de le manger!

 

On avale les sandwichs en parlant des bécasses (bon d’accord c’est encore moi qui parle le plus) et combien elles sont intelligentes, rapides capable d’enseigner et d’apprendre. Aussi qu’elles aiment jouer. Pour pratiquer leurs sports préférés, ça prend un chien. On s’installe à 10 mètres l’une de l’autre, et le première criaille et le chien fonce sur elle. Juste avant d’être attrapée, elle s’envole, mais l’autre bécasse a déjà commencé à appeler le chien, alors la bête tourne et fonce sur le deuxième oiseau. Et on recommence le manège jusqu’à ce que le chien soit totalement épuisé. Alors, on se réunit pour houspiller le quadrupède dégoûté de la vie. Si ce n’est pas de l’intelligence, je ne sais pas ce que c’est.

 

Les bécasses ont aussi un assez grand vocabulaire. Je n’ai pas apporté de micro sachant bien qu’avec les enfants c’est très difficile de capter un son convenable. Mais en rentrant à l’Auberge on a fouillé un peu dans les vieux fichiers histoire de bien se souvenir de la leçon.

Être une bécasse, ça na rien de péjoratif. Il faut être stupide comme un humain pour penser qu’elles le sont!