Hommage à Le Guin et à Chulie
vendredi 16 juin 2006, 03:15 General Lien permanent
Je suis le président autoproclamé du fan club d’Ursula le Guin au Québec. Cette très grande auteure à la fois linguiste, anthropologue et spécialiste du conte m’a souvent ouvert des pistes de réflexion que je ne suis pas capable de refermer.
Acte-Sud a publié presque tout d’elle. Si vous le connaissez pas je vous conseille le magnifique « La main gauche de la nuit » probablement le plus grand roman d’amour du XX siècle. Sur cette planète ultrafroide, les gens sont normalement neutres, et lorsqu’il entre en période reproductrice, ils sont soit mâles, soit femelles, selon les circonstances. Qu’un terrien mâle se trouve en contact avec un jeune prince dans ce monde ultrafroid, dans la solitude des pôles et toute la complexité de la sexualité s’exprime en dehors de toute pornographie. Pour ma part, c’est « la vallée de l’éternel retour » un non roman inachevé, touffu, avec des passages géniaux et des passages franchement bâclés, une recherche fondamentale sur la notion de sacré, face à la nature.
Un petit texte que j’avais lu en 85, dont je pensais savoir des passages par cœur, et dont je ne retrouvais plus copie ici. Cette chère Chulie, grâce à son réseau d’amoureux des livres m’a retrouvé ce texte. J’écrirai quelque chose pour remercier sa copine Mosava, ( impossible de ne pas penser à Nokosa) qui a fait la passeuse. Ce texte s’appelle « L’auteur des graines d’acacia » 11 petites pages de pur bonheur.
Merci, merci beaucoup, c'est un tel plaisir de relire ce texte qui est pour moi un fondement. Cela m'a permis l'acceptation de la communication avec la planète comme possible, d'en faire un projet de recherche non pas scientifique, mais poétique. Cette opposition qu'il y a entre la communication et l'Art, étant mon lieu premier de réflexion. La communication étant de dire à l'autre, soi dans un cadre, l'art ne veut pas dire à l'autre, mais simplement exprimer l'état du monde.
Évidemment, l'art est une tentative totalement futile, ridicule, à quoi sert d'exprimer si ce n'est à l'autre? peut-être que celui qui pratique l'art n'a pas vraiment le choix. C'est peut-être aussi ce qui explique que l'art est difficilement acceptable dans son temps, tant la vision réelle de notre monde présent, nous est inacceptable avec nos appareils rationnels issus d'une conception de l'ancien monde.
Je tente de faire sentir le monde comme je le sens à défaut de pouvoir l'exprimer à l'autre.
J'avais oublié le concept de thérolinguistique : l’étude des langues des animaux sauvages, et pourtant c'est exactement cela que je fais. Et la question de l’existence du langage des plantes est centrale parce que si d'un point de vue thérolinguistique les plantes ne communiquent pas ( mais ne sont que des amplificateurs, ils sont un outil, un instrument de la communication animal). Cependant, du point de vue de la phytolinguistique, ce que nous percevons comme l'immense bataille des plantes pour l'occupation de l'espace, est et ne peut être autre qu'un acte de dire, d'affirmation de soi, contre et dans.
et qui sera: " le premier géolinguiste, qui, ignorant les chants délicats et transitoires du lichen, lira derrière ces chants la poésie encore moins communicative, encore plus passive, totalement intemporelle, froide, volcanique des pierres : chacune d'entre elles étant un mot prononcé, il y a si longtemps par la terre elle-même, dans l'immense solitude, dans la communauté encore plus immense, de l'espace."
j'en pleure...
Merci Mosava, Merci Chulie
Commentaires
Merci pour cette belle note MoukMouk, c'était mon plaisir de te faire plaisir !
@ bientôt et passes une belle journée,
Merci Moukmouk
Bon je comprends bien que mon texte ne suscite pas le commentaire... Suis-je difficile à lire à ce point-là?
peut-être que les plantes ne communiquent pas, mais il y a bien le langage des fleurs...et puis, ne dit-on pas qu'il faut parler à ses plantes pour qu'elles se portent bien?
Swahili--) je vais certainement revenir un jour sur le langage des plantes, il y a une différence de définition du mot "communication". La communication c'est l'affirmation de soi dans un cadre culturel. Pour les plantes, exsite-t-il un affirmation de soi? L'affirmation des plantes est-elle une affirmation de l'état présent du monde, donc un art? ouf... compliqué...
je note préciseucement ces références et vais m'empresser de me procurer ces livres ! je t'en reparlerais dès que j'aurais lu ça !!
Les plantes ne "commuiquent" pas, mais nous renvoient des messages en réponse du comportement que nous avons, et qui agissent direcement sur elles.. ce n'est pas une forme de communication ?
Nziem--) oui c'est ce que je dis que du point de vue animal, les plantes sont des amplificateurs des outils de notre communication. Mais existe-t-il une communication de plante à plante qu'il nous serait possible de comprendre? je crois que oui. je ne connais pas encore la façon de lire ce langage. Tout le monde a remarqué déjà un arbre en attaquer un autre, certaines céréales étouffent les autres plantes, mais aussi les légumineuses nourrissent et choississent des plantes compagnes. Le lichen est en soi un chant d'amour d'un champignon et d'une algue. Mais comment déterminer qu'elle est le soi d'un champ de blé? dans ce réseau il y a combien d'individus? un million ou un? qui parle à qui?
O_O On s'inscrit ou pour le fan club?
La main gauche de la nuit est un de mes romans preferes, je le cherche en Anglais pour le lire " dans le texte"
Le fils de Miyazaki vient d'adapter un des romans de Terremer en dessin anime, j'ai hate de voir ( je fais confiance aux studios Gibli pour adapte mes histoires preferees)
Un autre roman d'elle dont je raffole est "les tombeaux d'Atuan" un tres beau livre qui m'a aidee a grandir.
Je te fais des bisoux Moumouk parceque c'est un auteur sensible beau, et pas con pour deux sous.
LA Sf m'ennuyait avant Le Guin ( bon a part Stanislaw lem evidement, et puis Frederic Brown aussi,il faut toujours des exceptions)
mais elle y met tellement decouer, de sensibilite aussi, et sa facon de decortiquer le monde pour en tirer la substantifique moelle, han, ca touche au sublime.
Evidement, comme tous les auteurs sensibles, on l'oublie, alors qu'entre Les depossedes et le Da Vinci croute, y'a pas photo, je sais avec qui boire mon cafe en terrasse
Del--) on s'inscrit en me donnant un bisou, et on reçoit tout de suite beaucoup d'amour, et des conseils sur la beauté de chacun des textes et l'ordre pour les lire. Ça fait très longtemps que je n'ai pas relu les contes orsiniens, et je cherche le titre du très beau petit roman sur le premier amour, où il faut vaincre sa peur pour sauver le rêve...
je note je note
(et je crois que mes bb plantes sur le balcon disent des trucs hein)
(la preuve, je les écoute)