Moukmouk de Pohenegamouk

L’Alghonkien Tessouat était chef des Kichesipirinis ( ceux de la Grande Rivière), et son peuple était surtout concentré à l’Ile du Commerce, là où est aujourd’hui Ottawa, la capitale du Canada. La Grande Rivière c’est la rivière des Outaouais. Il ne faut pas imaginer Tessouat comme un roi, ou un dictateur. C’est d’abord un commerçant qui profite de sa position stratégique pour fournir au Nord le maïs des Wendats, le tabac et herbes des Pétuns ( d’ou pétuner= fumer), et à ceux-ci les fourrures, les poissons-fumés et les pierres à tailler dont ils ont besoin.

Si la ville de Montréal existe, c’est grâce à Tessouat. Les Iri-Akoï ( les vrais serpents= iroquois) voulaient à tout prix empêcher l’établissement d’Européens dans ce territoire où ils avaient plusieurs champs cultivés. Tessouat promit au Français d’assurer la sécurité des blancs en maintenant en permanence 2 fois plus de guerriers qu’ils y avaient d’habitants dans ce poste. En échange, les Français respecteraient son contrôle des marchandises circulant sur la Grande Rivière. Sans cet accord, Montréal aurait été maintes fois brulé, rasé et ses habitants massacrés.

Les Kichessipirinis respectaient la parole de Tessouat, mais après Tessouat? On trouvait un autre Tessouat. L’importance de la fonction et des traités firent que la communauté continua de suivre le grand homme, même si celui-ci pouvait parfois changer de taille et d’age. Il ne fut pas le seul grand homme à survivre à plusieurs accidents qui auraient été mortels pour la plupart. Chestapéo l’Innou, Petite Tortue le Miami, Pontiac sont de grands hommes qui ont connu des longévités un peu particulières. Le cas de Membertou est sans doute différent. Membertou, qui vécut 103 ans était très grand 1,80 mètre, exceptionnel à une époque où les grands hommes mesuraient 1,60 mètre, et il était très barbu, chose encore plus rare chez les alghonkiens, ça devient difficile de trouver quelqu’un qui peut lui ressembler un peu.

Tessouat avait une particularité embarrassante. On l’appelait : « Le borgne de l’île », aussi en acceptant de devenir Tressouat, on acceptait de perdre un œil. Ce qui est quand même assez délicat, malgré la grande renommée que le titre accorde.

Plusieurs légendes affirment que ce sont les loups qui ont appris aux hommes, l’amour, le respect de l’autre, la façon de se comporter en société et surtout la parole. Est-il possible que les loups aient aussi appris aux hommes, que quand la fonction est plus importante que l’individu, elle puisse lui survivre?

Serait-il possible que Mahyénipigane ait eu la chance de rajeunir quelquefois sans que cela ne se sache trop? Cela expliquerait sa longévité plus qu’exceptionnelle…