Ils me dégoutent
samedi 9 juin 2007, 15:05 General Lien permanent
Fin de G8 et pétage de bretelles, les grands du monde vont encore secourir l'Afrique avec une aide de 60 000 000 000. Soixante milliards que j'ai mis en chiffre pour qu'on voit bien l'énormité du mensonge.
Peu de médias ont souligné que ces milliards là sont promis depuis des années, des promesses qui n'ont jamais été distribuées et qu'on peut être sûr qu'ils pourront en promettre 70 l'an prochain parce qu'encore une fois la misère restera la misère. Le problème ce n'est pas notre générosité.
A cause des subventions à la production du coton aux USA, l'industrie cotonnière du Mali est en ruine. C'est le cas de toute l'industrie cotonnière d'Afrique, mais j'ai assisté hier à une petite présentation sur le Mali, pays au 175ième rang sur 177 dans l'échelle de l'ONU. Cela veut dire des régions entières destructurées, des millions de gens qui iront grossir les bidonvilles des grandes villes sans autres espoirs de crever de mal-nutritions, d'infections parce qu'il n'y a ni égout, ni eau potable, ni école, ni... ni...ni.
J'ai souvent donner cet exemple... les Européens sont extraordinairement généreux: ils donnent neuf dollars par personne en Afrique. Par contre chaque vache en Europe est subventionnée à hauteur de neuf cent dollars. Cessez de subventionner les vaches et les africains n'auront pas besoin de votre aide. Mes chiffres datent de 3 ans, mais je serais bien surpris qu'on trouve maintenant quelque chose de bien différent.
Je n'ai pas de tels chiffres pour les USA, mais je suis persuadé que la proportion est encore plus défavorable.
Mais ce qui me dégoute le plus c'est que même la Banque Mondiale dit a Bush et ces confrères, de faire un petit effort. La Banque Mondiale, c'est organisation d'assassins qui a détruit les systèmes scolaires et de santé en Afrique, qui a détruit l'agriculture de subsistance créant les bidonville, qui a encouragé les guerres pour la possessions des ressources, et qui a même eu le culot de dire: « Excusez-nous nous constatons que nos politiques d'ajustement structurel n'ont pas donné les résultats escomptés ». Ces bandits viennent dire au chefs d'États de faire un petit effort. Sans doute que l'argent de ces subventions ne revient pas assez vite enrichir les actionnaires des grandes corporations.
Les africains n'ont pas besoin d'aide, ils ont besoin de justice et qu'on répare les dégâts que les exploiteurs ont fait là-bas.
Commentaires
De l'aide, si, peut-être, mais pas d'argent: il faut leur construire des écoles, former des médecins qui travaillent là-bas... J'ai entendu parler d'une association qui avait fourni une mobilette à un médecin de brousse. Une goutte d'eau dans le désert...
Oui un bon coup de gueule.
Il y a eu en même temps un Sommet des Pauvres qui s'est tenu au Mali (à Sissako je crois). Certains Africains sont en train de se réveiller, et plutôt que de demander de l'aide, décident de tirer partie des richesses de leur continent. Et de cesser de nourrir et engraisser des politiques corrompus...
Il y a tellement à dire et à faire...
Moi, je comprends que les pays occidentaux subventionnent leur agriculture, en considérant comme stratégique de conserver une capacité nationale de production (alimentaire : j'ai plus de doute sur l'aspect stratégique de la production locale du coton). Mais je ne comprends pas que ces subventions ne servent pas à améliorer la qualité, plutôt qu'à produire des surplus qu'on détruit dans le meilleur des cas, ou qu'on envoie pour "aider" les pays pauvres et couler leur production locale.
Selon un reportage vu récemment, aux États-Unis, il est *interdit* d'envoyer des dons en cash en cas de famine, les dons sont obligatoirement en céréales américaines. Temps de réaction : 4 mois pour acheminer l'aide. Quand elle arrive, les survivants qui tentaient de relancer l'agriculture locale voient leur efforts coulés par cette manne, et abandonnent. Notamment, ils n'ont plus les moyens d'entretenir les infrastructures nécessaires à l'agriculture locale (puits, irrigation). Fin de l'histoire pour longtemps.
Est-il précisé quel montant des 60 milliards sera versé ainsi, en nature ?
Lune--) Théoriquement ces montants sont supposés arrivé surtout en médicament et aide médicale, en formation et aide technique. Mais il ne faut pas se faire d'illusion, ils ne seront pas plus versé que ceux promis aux cinq derniers sommets. Quant à la fin de l'agriculture africaine, c'est là le crime le plus terrible. La finalité des subventions agricoles n'est pas le fermier, mais les firmes qui produisent les engrais et les pesticides.
fauvette--) est-ce qu'on commence pas arrêter ceux qui corrompent?
Bismarck--) il y a beaucoup d'ONG qui font un boulot formidable, des individus qui se dévouent corps et âmes... mais on ne s'attaque pas à ce qui provoque le malaise là-bas, nos politiques.
J'ai une belle-soeur qui est africaine, qui est médecin là-bas. Elle dit qu'ils en avaient plus dans les années 60. Maintenant les malades doivent acheter des kits pour avoir des produits de soutures par exemple. Pour des césariennes les infirmières se cotisent des fois. Elle dit aussi qu'ils ne sont pas jaloux de ce qu'on a, on a tous travailler pour ça. Ils respectent notre force de travail. (Je crois comprendre qu'ils circulent beaucoup d'armes. C'est plus qu'un probème la-bas)
Que veux-tu la Banque Mondiale dans les ajustements structurels interdit de distribuer gratuitement des médicaments et des services médicaux, mais finance l'achat d'armes. La Banque a vraiment décidé de s'attaquer à la pauvreté, en laissant crever les pauvres.
Sur les terrifiants désastres humains et écologiques liés au coton, on peut lire l'excellent livre d'Orsenna : Voyage au pays du coton.
Il sait rendre vivant, compréhensible ces aspects qui déroutent sous forme de chiffres ou de grands mots creux.
Sa conclusion est amère : "la première leçon d’un tour du monde est celle-ci : sur Terre la douceur est une denrée rare, et chèrement payée. Hommage aux travailleurs du coton."
Un article sur le café géographique
www.cafe-geo.net/article....
Je partage avec toi le même dégoût parce qu'il semble que cette surface communicante immorale suffit à certains pour s'abolir de la honte de leur propre conduite.
Le discours comme vernis de l'action.