Petite découverte qui me fait sourire

Ceux qui lisent mes billets depuis assez longtemps, connaissent ma tendresse pour Juan LeRoy, le vieux huard du lac de la Belle Endormie. Je viens de découvrir un nouveau lien...

J'ai un très grand respect pour les huards. Si l'âme des marins deviennent des albatros, l'âme des ours devient probablement des huards. Si Nanualuk, la force (l'esprit) de l'ours est le gardien de Sedna, la force du huard est son amant. Le lien est plus que certain, la force passablement arrogante du plus grand prédateur actuellement sur terre, répond au snobisme, à la morgue hautaine du huard qui même tentant d'exprimer l'amitié, n'en dit pas moins un certain mépris pour tout ce qui n'est pas lui.

Il ne faut pas se laisser intimider par cette attitude. Comme beaucoup de très grands amoureux, il idéalise à ce point le sujet de ses passions, qu'il en devient ridiculement gauche, tristement incapable d'exprimer sa tendresse.

Pour les langues alghonkiennes de l'Est, le huard se dit « Oquim ». Mais j'ai entendu à une émission pour enfants une explication qui m'a fait beaucoup plaisir. Ici, aller aux iles Moukmouk, envoyer quelqu'un aux Iles Moukmouk, c'est l'envoyer au bout du monde. Même au delà de Trifouilli les Oies. Là-bas, il n'y a plus d'humains pour y vivre, un bon endroit pour apprendre le lien avec la réalité de la vie.

J'ai appris que l'Ile Moukmouk existe. Sur un grand lac du nord de l'Abitibi, il y a une Ile Moukmouk. C'est un territoire très rude de Taïga habité par des Anish-Na-bé, qui parlent des dialectes alghonkiens du Nord, de l'Innu-Cri.

En Innu-Cri, un huard se dit : « Mâc » avec un « â » très fermé, semblable à un des mots du vocabulaire huard, et qu'il est facile de confondre avec un « o » ou même un « ou ». De plus les Innus ont tendance à doubler les syllabes quand ils veulent marquer l'affection comme nous quand nous disons : « pé-père »ou « chien-chien ».

Alors il existe sur un grand lac du nord de l'Abitibi, une Ile du bout du monde, une ile aux Huards. Une Ile Moukmouk. Juan Leroy éclaterait surement de son rire hautain et méprisant, incapable de dire que ça le touche et l'amuse.