Bonnes nouvelles sur le front des sables bitumeux
jeudi 17 janvier 2008, 00:01 General Lien permanent
Les sables bitumeux de l'Artabaska, un très grand réservoir de carburant, dont l'exploitation est nécessaire pour faire marcher l'économie du monde. Or l'exploitation et la consommation de ce pétrole dit synthétique, produit 6 fois plus de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel.
Le problème vient en bonne partie de ce que pour séparer le bitume du sable, on lave le mélange avec de la vapeur et de l'eau très chaude. On s'en doute, le bitume finit par flotter sur l'eau et le sable tombe au fond. Premier problème pour produire toute cette vapeur, il faut bruler du pétrole, donc produire des gaz à effet de serre. Deuxième problème, l'eau où flotte le bitume est très loin d'être propre, et on s'en doute pour produire 2,5 millions de barils de pétrole par jour, ça prend 5 ou 6 millions de mètres cubes d'eau chaude empoisonnée pour toujours et qui tuent toute vie animale ou végétale sur un immense territoire. Troisième problème ce fleuve d'eau chaude coule vers le Nord, vers le pergélisol et dégèle des sols qui libèrent à ce moment du méthane emprisonné depuis des dizaines de milliers d'années. Quatrième problème, le bitume, c'est un pétrole trop lourd pour que les raffineries puissent le traiter directement. Il faut un pré-traitement qui produit encore une fois des GES, et jette dans la nature des grandes quantités de poisons. Bref, de la grosse merde sale.
Première bonne nouvelle, un regroupement de groupes écolos canadiens a réussi à faire un procès au gouvernement du Canada qui démontre qu'il ne suit pas ses propres lois, et que les permis d'exploitation déjà émis sont non conformes et doivent être annulés. Ce sont des batailles légales donc extrèmement longues et avec le frics qu'elles ont les pétrolières ont des chances de gagner à la fin même si elles ont tort. Mais au moins, le gouvernement Canadien va devoir faire attention durant le déroulement du procès, et ça c'est déjà positif.
Deuxième bonne nouvelle, après un processus judiciaire aux USA, il est déclaré que le pétrole synthétique est trop polluant pour être acheté par le gouvernement et les agences gouvernementales des USA. La consommation du gouvernement des USA n'est pas assez importante pour signifier la fermeture des usines existantes, mais cela ralentira le développement des nouveaux projets. Et puis, toute de suite la position juridique des groupes écolos canadiens vient de s'en trouver très renforcée.
Je doute fort qu'il y ait une victoire finale bientôt. Mais au moins, on avance et on identifie les gros pollueurs, on limite leurs capacités de mouvement.
Commentaires
Je pensais qu'au contraire la majeure partie du bitume canadien était à destination des USA ?
Heureusement que ça bouge tout ça... tiens j'ai vu ce joli site et j'ai pensé à toi : www.thewhalehunt.org ... qu'en penses-tu?
Je ne connaissais pas ce type de pétrole, je me rends compte que j'ignore un nombre affreusement haut de choses, en fait... Alors, je te remercie pour tous tes articles, très éclairants.
L'eau n'est même pas retraitée ni refroidie avant d'être évacuée ?
Je connais des sociétés en France qui puisent pour refroidir leurs machines. Elles ont un circuit de refroidissemment pour que la température de l'eau rejetée ne soit pas supérieure de plus de 2°c à celle puisée.
ah ben j'aurai appris un truc aujourd'hui...
Néa--) tant mieux
Monsieurplus--) il y a des normes proches de cela ici, mais pour les pétrolières, il y a des exceptions qui leurs permettent de tout détruire.
Sara--) merci, j'essaie
GrandK--) je te fais un courriel
DDC--) il y a une différence entre les USA et le gouvernement des USA. Le gouvernement s'interdit de trop polluer mais n'empêche pas les sociétés privées de le faire.
Ah ok, là était l'astuce...
Tiens, un petit article pour toi en passant :
www.lemonde.fr/web/articl...
Oui, ces sables bitumineux, il n'y a pas pire, et en plus il faut éventrer le pays pour les extraire. Bravo aux écologistes canadiens, il faut rester tenace!
Ce qui serait géant, ce serait que les assoc portent plainte pour préjudice écologique de portée mondiale contre les exploitants de ces sables...et gagne. On peut rêver, mais avec le jugement français qui reconnaît la dimension de préjudice écologique dans l'affaire du pétrolier Erika, c'est lumignon dans l'océan boueux des magouilles pétrolières qui vient de s'allumer.
Cheers!