L'oeil en feuille et la dent de coquille
samedi 19 juillet 2008, 14:09 General Lien permanent
Le commentaire de Lydie sur le billet d'hier me donne le goût de parler des mots de la rivière. Mais le grand poète le fait tellement mieux que moi. Je sais cela semble un peu pénible à lire, un texte fait pour être dit, mais il y a tellement de beaux mots dans cette petite histoire d'amour.... Les chiens sont revenus seuls...
Gilles Vigneault LA MANIKOUTAI
Ils ont dit que c'était une fille Moi je dis que c'était la Manikoutai L'oeil en feuille et la dent de coquille Telle était la Manikoutai
C'était plus haut que la plaine Il fallait pour aller là La patience et l'aviron Connaissance de la chute Du portage et du courant Où et comment l'eau culbute Les oreilles de charrue Et l'eau morte et les cirés Les corps morts et les écumes Veille à gauche et veille à droite A la pince et au ballant Sans vouloir te commander Tiens-toi bien mais laisse aller Pas grande eau mais c'est assez Pour te dire qu'à l'eau douce On finit par dessaler
Et ça c'était pour l'été
Ils diront que c'était une femme Moi je dis que c'était la Manikoutai Le dos souple et la danse dans l'âme Telle était la Manikoutai
Fatiguée de la semaine En rapide et gros bouillons Elle faisait son dimanche En amont du quatrième Vive encore et paresseuse Avec du sable en dorure Et les beaux cailloux tout ronds A deux pas c'est une source A trois pas c'est un brûlé Le foin haut puis les framboises Les bleuets puis les béris Et le petit bois d'argent Prends ton temps prends par ta course C'est piquant puis déchirant Pas si vite assieds-toi là On va compter les cailloux
Ça c'était pour le beau temps...
Ils croyaient que c'était une fée Mois je dis que c'était la Manikoutai De feu, d'or et d'automne attifée Telle était la Manikoutai
Aux premiers jours de gelée Elle a déjà le gros dos Les manchons puis les manteaux Tout en blanc et beau et chaud Elle a la race et la grâce Elle est de chasse et de glace Les renards et les visons Les rats musqués les castors Le loup-cervier puis la loutre Lui font dentelle de traces Et quand la glace est trop mince Pour la tenir enfermée Elle saute la fenêtre Elle est noire et douce-froide Et c'est le froid qui la dompte À la tombée de la nuit
Et c'est le temps de l'hiver...
Ils croiront que c'était une amante Je dirai que c'était la Manikoutai Jeune et vieille et muette et parlante Telle était la Manikoutai
C'était le temps du trappeur Et le temps des compagnies On partait le vingt octobre On revenait vingt janvier Quand un homme est à la chasse Sa blonde a des cavaliers Sont partis le même jour Mais chacun de son côté On a trouvé par les traces Qu'une fois rendus aux pièges Avaient chassé tous les deux Jusqu'à ce trou dans la neige Attention la glace est mince! Tu la salueras pour moi Non. Viens pas! Tiens-toi, j'arrive! Les chiens sont revenus seuls...
Ça c'était pour le printemps
Ils ont dit que c'était la Julie Moi je dis que c'était la Manikoutai Ils diront qu'avec l'âge on oublie Telle était la Manikoutai
Commentaires
Non ... avec l'âge on oublie pas. Magnifique ...
J'ai jamais été fan de Vigneault, mais j'avoue que celle-là, je l'aime.
Très belle chanson, qui donne à voir autant qu'à entendre.
et bien moi, j'ai toujours été fan de Vigneault et de Leclerc.
j'en ai aussi beaucoup chanté en chorale. Et je les écoute toujours avec plaisir !
j'ai aussi fait un été un stage avec un chef de choeur québecois et j'en garde un super souvenir. faudra que je retrouve son nom et celui de ses musiciens .
Salut L'Ours !
Lorsque les hommes vivront d'amour , il n' y aura plus de frontières , les soldats seront troubadours et nous nous serons morts mon frère ........sur la même cassette que la Manikoutaï, j'ai vu le loup le renard , le lion enregistrement à Québec sur les plaines d'Abraham ouverture de la super franco fête du 13 aout 1974 .
Je n'ai jamais vu les trois grands Leclerc, Vigneault , Charlebois en concert , dommage , longue vie à leurs chansons dix mille fois écoutées .
Mais quand les hommes vivront d'amour
Qu'il n'y aura plus de misère
Peut-être song'ront-ils un jour
A nous qui serons morts mon frère
Nous qui aurons aux mauvais jours
Dans la haine et puis dans la guerre
Cherché la paix, cherché l'amour
Qu'ils connaîtront alors mon frère
J'adore cette chanson, je ne résiste pas à l'envie d'en transmettre un petit passage.
Lydie--) Je continue de chercher
Marianne--) j'étais à cette grosse fête très chouette. Je trouve que cet été Paul Mc Cartney puis Celeeen Dayonnne c'est vraiment pas à la hauteur.
Claude et Nanouk--) oui, du vrai cinéma cette chanson.
Mi-Laine--) il y en a un autre qui a dit : on oublie rien de rien on s'habitue c'est tout. Je pense qu'à force de se conter une histoire, elle se modifie, et on peut réussir à la rendre acceptable...
Marc--)" Ne cherchons pas trop loin, ce qu'on a aux creux de nos mains "
Prends ton temps... Pas si vite assieds-toi là... On va compter les cailloux...
Merci pour La Manikoutai, je ne connaissais pas. J'aime beaucoup, j'ai chanté, en chorale, "Le doux chagrin".
Ah la Julie! ... Une de perdue, dix de retrouvées .
Mi-Laine--)On n'oublie pas , c'est vrai, mais on peut aimer, plusieurs fois, différemment et tout aussi fort.
L'âme humaine a une immense aptitude à l'amour, quand au corps, n'en parlons pas: même nos amis les bêtes le savent.
Lydie : On peut aimer plus fort ou moins, autrement aussi et c'est ce qui fait nos jolies histoires. Besoin de ces éteincelles là !
Moukmouk : On oublie rien, on ne s'y habitue pas ... avec le temps, on apprend et c'est bien.
Léchouilles.
Je crois que tu as trouvé, Mi-Laine: On apprend à aimer, aimer vraiment... Ne serait ce pas la : le sens de la vie?
Lydie : Oui, je crois qu'il est là. Sans cette pépite, je n'avance plus. Aimer le plus simplement.
Je me souviens bien de ce texte. Je l'ai entendu souvent quand j'étais petite, jeune, il y a longtemps en tout cas et j'en ai encore la musique dans l'oreille...
N'oublie pas que tu t'es inscrit pour écrire une histoire chez moi
Akynou: j'ai fait cela moi? fiou! je vais tenter de rédiger aujourd'hui.