Ça ne suffira pas!

Samedi, j'ai fait un petit billet sur la fonte de la glace de l'Arctique. J'ai dit que pour stopper la machine folle, il ne suffit plus d'avoir un comportement individuel responsable, qu'il faut s'impliquer politiquement.

La conclusion de mon billet était: « Si vous aviez besoin d'une preuve, la voilà. Si vous aviez besoin d'une preuve, qu'il ne suffira pas de réduire vous déplacement en auto, et de trier vos déchets, la voilà. Si vous voulez qu'il y ait un monde habitable pour vos petits-enfants, il faut maintenant vous impliquer politiquement, changer les normes, et stopper la machine folle de la croissance qui nous tue rapidement. »

Dieu des Chats, dont on ne peut douter de la volonté de combattre, me fait le commentaire : «Ca me met toujours mal à l'aise quand tu dis "ça ne suffira pas de" (faire des efforts personnels), comme si tu diminuais la valeur de ces efforts-là alors qu'il me semble plus utile de les encourager. Bien sûr ce n'est pas une condition *suffisante* (pour résoudre les problèmes), mais ça n'en reste pas moins - à mon sens - une condition *nécessaire* qui va d'ailleurs de pair avec une prise de conscience et un engagement plus politique/militant/collectif/etc. tu ne penses pas ? »

Bien sûr il fait encourager les efforts individuels. Mais justement, on fait porter actuellement l'essentiel de la responsabilité du désastre sur les individus, que si les consommateurs, que si les gens achetaient différemment, si, et si et si alors qu'il faut produire différemment qu'il faut organiser les lois différemment. C'est qu'on prétend encore que c'est le marché qui décide, alors que c'est la maximisation du profit.

Dans le petit marché de mon village, il n'y a que des bleuets et des framboises produits et emballés aux USA qui sont disponibles, alors que nous sommes dans une région qui en produit et que nous sommes en pleine saison. Sauf que le marchand local doit s'approvisionner auprès d'une grande chaine qui refuse d'acheter la production locale. Alors, j'achète des bleuets gonflés aux engrais et dans le prix il y a pour l'essentiel du pétrole, pour le transport. Je n'en achèterai pas, et ces produits seront jetés parce que la chaine impose à mon petit marchand d'en acheter un volume minimum.

Ce qui est produit et ce que vous pouvez acheter dans votre super-marché n'est pas déterminé par la demande, mais par les subventions à la production. Et les subventions vont aux méga-entreprises qui utilisent des engrais et du transport. Si vous êtes assez riches pour contourner ce système, tant mieux, faites-le. Mais pour la grande majorité, l'achat de produit plein d'engrais et de pesticide est la seule possibilité parce ce sont des produits subventionnés donc moins chers.

Bien sûr il faut encourager les efforts individuels, mais ça ne suffira pas. Si vous voulez qu'il y ait un monde habitable pour vos petits-enfants, il faut maintenant vous impliquer politiquement, changer les normes, et stopper la machine folle de la croissance qui nous tue rapidement.