Définition: le Marché (parce que je suis encore en colère)
mardi 16 septembre 2008, 03:04 General Lien permanent
Ça fait un bout de temps que je n'ai pas entendu un bulletin d'information télé dans lequel le mot « marché » n'est pas prononcé au moins trois fois. Marché de ceci, de cela, mais personne ne définit ce mot. Alors voici je le fais pour vous.
Léon Walras premier a proposé une définition un peu plus élaborée et quantifiable du terme « marché » dans son bouquin «théorie mathématique de la richesse sociale ». Je vous conseille hautement ce livre, comme somnifère, on n'a jamais fait mieux. Mais depuis tous ceux qui parle de marché (et se prétendent plus ou moins économiste) se réfèrent à la définition que le monsieur en question donne de la chose.
Il démontre entre autres que sans « un crieur de prix » c'est-à-dire que si tous les acteurs n'ont pas les mêmes informations en même temps, il n'y a pas de « marché » et qu'il faut un nombre très grand (qui tend vers l'infini) d'acheteurs et de vendeurs pour que le marché existe. Le premier corrolaire c'est que si il y a « marché », il n'y a pas de profit possible, puisque les ressources sont utilisées optimalement.
Alors quand on me parle du marché pétrolier, je sais tout de suite qu'on me ment, parce que les profits sont plutôt monstrueux.
Mais non, le marché, c'est comme au village, il y a plusieurs producteurs qui vendent des carottes, alors tu choisis celui qui te donne les plus belles carottes au meilleur prix. S' il manque de carottes les prix vont monter, s'il y en a beaucoup les prix vont descendre.
Ok! mais pourquoi le patron des grandes entreprises, il est payé ( en moyenne) 800 fois le prix de ses employés? C'est le marché! Mais alors, il doit être possible de trouver un garçon pas trop con (et à voir comment c'est géré je pense qu'un con ferait mieux) qui accepterait l'emploi pour 700 fois le prix de ses employés? 500 fois? 100 fois? 10 fois? Moi j'y vais pour 100 fois...
Alors, voici ma définition du marché : c'est la raison pour laquelle tu perds ton emploi imbécile. Ou qu'on coupe ton salaire, ou qu'on te vend de la merde à l'épicerie, ou tout ce que tu achètes va pèter avant que tu aies le temps de finir les traites.
Pour la simple raison que ceux qui gagnent à ce jeu, ne suivent pas les rêgles du marché. Qu'ils savent avant les autres ( ce qui est illégal) ou qu'ils ont des privilèges, comme un papa, des petits copains, ou qu'ils sont des voleurs.
Alors la prochaine fois que vous entendrez le mot « marché » vous saurez qu'on vous ment.
Ajout: Hier, j'avais eu vent de 70 milliards "prêtés" par vos institutions aux pauvres américains, ce matin j'apprends que de fait c'est 150 milliards... Travaillez plus pour payer plus, voilà le vrai slogan Sarko
Commentaires
Depuis que je suis rentrée de vacances, j'enrage.
Même si j'en ai l'air, je ne suis pas naïve et je sais qu'on n'a affaire qu'à des menteurs dès qu'il s'agit d'argent. Mais tout de même.
Il y a des jours où j'ai vraiment où suivre le "11ème commandement" (l'espoir) m'est vraiment vraiment vraiment difficile...
Je me sens bête et impuissante, quoi que je fasse ou ne fasse pas.
Et j'ai HORREUR de çà.
J'aime bien ta définition du marché, elle me paraît bien plus crédible que l'autre.
Moi, le seul marché que j'aime, c'est celui où on achète ses fruits et légumes, mais l'autre me fait bien rigoler (jaune)
Juste un petit coucou car je n'ai pas eu encore le temps de le faire depuis mes vacances / mon déménagement. Au plaisir de te lire.
le marché, oui, je suis d'accord avec toi : c'est un beau mot, qui fait bien "moua j'ai compris de quoi je cauuuuuse, je suis intégré à l'économie mondiâââle, alors que toi t'es qu'un pauv' con qui demande pourquoi ceci ou pourquoi cela".
un peu comme le langage des contrats, ce merveilleux sabir juridico-commercialo-foireux auquel tu ne comprends goutte mais qui t'engage à un paquet de trucs sans que tu le saches.
le "marché", joli emballage pour le bordel ambiant. note que ça permet aussi aux politiciens de se laver les mains comme Pilate, sont pas responsables, c'est-le-marché.
C'est clair que quand t'es pauv' faut pas "marché" dedans ça salit les bottes.
TTo2--) exactement!
Dodinette--) oui, jeter une couverture sur le vol, l'exploitation, la destruction des autres pour s'accaparer de son travail.
Stefbsl--) re-bienvenue, je te fais un petit mot bientôt
Sara--) il faudrait revenir sur ta réflexion de retour à la maison, comment organiser la communauté de base...
Trollette--) tu es vraiment la dernière que je traiterais de naïve...
Ah bah c'est tout à fait ça. On pourrait aussi ajouter que dans notre monde moderne, marché a remplacé un mot qui autrefois servait lui aussi à tout expliquer: Dieu - avec son temple (la bourse), son clergé (les traders), sa messe (les cours de la bourse qu'il faudrait suivre religieusement), etc.
Et finalement, rien n'a changé: ça sert toujours à justifier autant d'exactions.
Le mot Marché, comme les mots libéralisme et concurrence, sont des pièges sémantiques. On les utilise pour tenter de nous faire accepter comme des évidences ce qui en réalité est contraire au sens de ces mots. Le Marché dont on nous bassine n'est en rien un Marché, ni mathématique ni villageois, et comme tu le notes, il s'applique à des pétroliers, par exemple, dont le mode de fonctionnement n'a rien à voir avec le jeu de l'offre et de la demande, avec le jeu de la concurrence, avec la liberté d'entreprendre.
Voilà maintenant plusieurs mois que je tente, avec beaucoup de difficultés il est vrai et une grande propension à ennuyer mes lecteurs, à voir clair dans la notion de concurrence. J'ai découvert et je découvre encore toutes les implications philosophiques qu'entraîne la recherche de la compréhension de cette notion prise à la lettre, la concurrence libre et non faussée. Mon sentiment d'origine se renforce au fur et à mesure que cette notion est une valeur qui, vraiment mise en oeuvre dans un monde multinational, entraînerait la disparition des grands conglomérats économiques qui nous dictent leur loi.
C'est pourquoi ils n'ont qu'un souci: que la concurrence concerne tout le monde, sauf eux. C'est pourquoi, en retour, je revendique de pouvoir appliquer à tous, surtout eux, les mêmes règles de concurrence, de libéralisme, de Marché que celles dont ils prétendent se réclamer. Une sorte de retour à l'envoyeur, de boomerang, de c'éçuikidikihé.
Il y a trente-cinq ans, le parti communiste français avait publié un livre étonnant, qui planchait sur le Marxisme mis au goût des années 70. Il s'intitulait "le capitalisme monopoliste d'état". Je crois que le rédacteur principal était Philippe Herzog (mais je ne garantit rien). Ce livre a sombré dans l'oubli. Avec le PC, mais même à l'intérier du PC où l'on se contente aujourd'hui de quelques slogans hâtifs et râbâchés.
Impossible de remettre la main dessus, et ne me restent que de vagues souvenirs, sinon la forte impresion qu'il m'avait laissé de détailler un des noeuds de nos sociétés. Et cette impression aujourd'hui se renforce, du fait du travail d'exploration que j'ai entrepris, et par ces lumières qui me viennent ici et là dans le brouillard, comme ton billet d'ici.
Nos lamentables socialistes pourraient aujourd'hui s'en inspirer, pour comprendre qu'on peut accepter l'idée de Marché, ET l'idée de combattre le Capitalisme Monopoliste d'Etat, que les distaits confondent avec le mot libéralisme.
Ya du boulot en perspective, non?
Andrem--) LE Sprécialiste de la notion de concurrence c'est justement Walras, c'est très pénible à lire, mais après, on sait que c'est comme le petit jésus, ça fait des miracles tous les jours.
nanouk--) oui tout à fait, c'est une religion, qui fait des croisades et brule les impies.
C'est évident, nous sommes plusieurs à le dire que ce capitalisme va nous tuer, on ne "marche" pas !!!...l'idéal serait que l'ensemble des pays ne consomme plus de la merde, aie le droit de se réunir et de destituer un président lorsqu'il s'octroie une augmentation de salaire de 140% (encore à cause du marché !) alors que ses concitoyens surtaxés de la classe moyenne en ont marre de bouffer des pâtes, qu'ils ont un mal de chien à trouver un logement et que ça leur est complètement égal de recevoir une médaille pour le bac. je mélange un peu tout mais finalement tout converge vers ce terme de "marché" : parce là il se casse gravement la gueule et nous avec !