Une faillite qui indique l'avenir

Le premier avril, AbitibiBowater annonçait qu'elle était incapable de s'entendre avec les détenteurs d'obligations au sujet d'une dette de 1,8 milliard de dollars US. Fallait s'y attendre.

AbitibiBowater est une méga-entreprise de production de papier de tous genres, qui gère une soixantaine d'usines surtout au Canada, aux USA et en Corée et exporte du papier dans 90 pays. Dans 90 pays peut-être, mais les grands quotidiens des USA constituent l'essentiel de son marché. Comme ceux-ci diminuent en taille ou font faillite, il est pas étonnant que le fabricant de papier soit en difficulté.

AbitibiBowater c'est le résultat de nombreuses fusions et acquisitions avec des endettements farfelus dont le but n'était pas d'améliorer la productivité, mais de procurer des bonis gigantesques aux dirigeants mégalomanes. C'est l'exemple même de la bêtise qui nous mène à la crise actuelle. Une entreprise qui ne cherchait pas l'innovation et l'efficacité, mais à faire de l'argent avec le boursicotage et les subventions des états.

Actuellement il y a des tentatives de repreneurs, des financiers qui cherchent les aubaines pour démanteler les entreprises et vendre les actifs ayant de la valeur en laissant tomber le reste. Les dirigeants comptent encore sur la grande taille de l'entreprise pour aller encore chercher de l'argent des gouvernements. Souhaitons que ces tentatives échouent.

Bien sûr pour le Québec, c'est une dizaine de régions dont l'activité principale était de couper le bois et de faire du papier journal qui vont se retrouver dévitalisées, et sans perspectives économiques. Mais comment peut-on espérer avoir un avenir quand notre produit c'est le papier journal? Pourquoi l'État investirait le moindre sou dans une industrie qui n'a plus aucun avenir? Si vous voulez investir dans l'industrie du fiacre hippomobile libre à vous, mais j'ai un doute sur votre capacité d'en vendre des milliers.

Sauf qu'en même temps, la disparition rapide de l'imprimé annonce un véritable changement de nos vies. La disparition du quotidien ne fait que mettre en évidence la prochaine disparition du livre. Oui, il va encore y avoir des livres pour un certain temps, comme il y a encore des disques vinyles qui sont produits et qui coutent des fortunes. De beaux livres, des œuvres d'art qui ne seront plus le support de la transmission de la connaissance, pas plus que les journaux ne sont le support de la transmission des informations.