Une paruline chante

Hier, j'ai entendu une paruline dans le parc... Mais qu'est-ce que ça peut bien être...

C'est la journée parfaite pour l'observation des oiseaux. Juste avant que les feuilles se déploient, c'est le printemps, ils sont très actifs, la chaleur leur donne le goût des amours jusqu'à être très imprudents. Descendons au parc.

À Montréal, c'est un climat continental. Ça veut dire qu'on passe en quelques jours de ça gèle à il fait trop chaud. Et ça n'empêche pas le temps de revenir à ça gèle, surtout en avril. Aujourd'hui avec 26, pour moi c'est trop chaud. Mais quand même c'est la journée parfaite pour l'observation des oiseaux. Et puis, il y a cet oiseau que j'ai entendu hier. Je veux savoir.

Il s'agit de s'installer confortablement et d'attendre. C'est ce qu'il y a de plus difficile avec les oiseaux, attendre qu'il se passe quelque chose. De fait, il se passe toujours quelque chose, mais il y a tant de bruit en nous qu'il faut d'abord faire le vide, se nettoyer, se mettre au diapason de la vie des oiseaux et tout à coup, ce qui nous paraissait un simple parc, un parc plutôt moche même, devient peu à peu un univers magnifique peuplé de centaines de petits êtres à plumes qui font le grand théâtre ordinaire.

Voilà, le chant que j'attendais. Une petite trille complexe et subtile... oups! Il se déplace vers moi, je suis chanceux. Enfin, c'est vite dit! À première vue, c'est un Pit-pit brun, la variété à plume la plus complexe à identifier. A première vue, c'est gros comme un moineau, c'est brun comme un moineau mais ce n'est pas un moineau. Il y a un tas de détails qui me font exclurent le moineau, mais la catégorie pit-pit brun demeure encore très vaste, les fringilidés, les Monacidés, les muscicapidés, les paridés, les parulidés et si j'ouvre mes livres, je risque de me mêler encore plus alors.

Attendre, il finira bien par me donner des indices... Son chant m'obsède, j'ai son nom sur le bout de la langue, c'est courant, mais quoi? Aux jumelles je vois plein de jaune, une mésange! Non c'est pas ça, trop gros pour une mésange et le vol est moins enfin, ce n'est pas un vol de mésange, je dirais... Et puis du rouge. Non ce n'est pas du rouge, c'est du marron. Ha... c'était si simple, la paruline à flanc marron. Comme ce fait-il que je n'y ai pas pensé avant, c'est évident. Peut-être parce que je l'ai toujours cherché et vu dans des très jeunes boisés, dans des friches ou huit-dix ans après un incendie. Dans un parc en ville, c'est un peu bizarre, et en même temps non, elle est en déplacement de sa résidence d'hiver, vers celle de l'été.

Cette paruline illustre très bien le mystère des oiseaux. Si on y prend garde, c'est un petit oiseau brun comme il y en a tant, mais quand on le regarde vraiment, il n'y a presque rien de brun, mais tant de subtilités, de couleurs, d'harmonie et d'équilibre qu'on ne peut faire autrement que s'émerveiller de la Beauté du monde.

Pareil pour son chant. À première écoute, une trille rapide sans trop d'intérêt. Mais c'est qu'il ne chante pas pour nous, mais pour des oreilles expertes tellement supérieures aux nôtres, qu'il faut ralentir pour bien comprendre. Alors, je mets deux trilles à vitesse normale et puis j'en passe d'autres au ralenti. Quelle merveille :