L'épervier de Belleville

Pennac m'avait pourtant démontré que tout est possible à Belleville, il s'agit simplement de bien ouvrir les yeux

Il a bien fallu que j'accepte de passer une nuit dans le ventre du grand oiseau. Un grand oiseau plein à craquer, dans un espace à peine prévu pour une sardine, alors un ours pourtant tout à fait ordinaire n'y trouve pas son compte, loin de là. Je crois que cet oiseau mange des petits lézards d'habitude, parce que la température et l'espace à l'intérieur leur convenaient parfaitement.

Des lézards qui se promènent en familles très souvent bruyantes, si bien que quand l'oiseau a accepté de me laisser sortir, c'est un ours très fripé et manquant de sommeil qui en est sorti. Mais j'étais toujours vivant puisque j'avais une énorme faim.

La forêt parisienne se porte bien je trouve... moins d'arbres et plus de bruits que la forêt de la Belle Endormie, mais quand même beaucoup plus verte que dans mon souvenir. Le plan pour réduire le trafic automobile me semble assez efficace, si bien que c'est souvent plus rapide de se promener à pied, ce qui est très bien. Par contre, je ne comprends pas pourquoi il n' a pas de prédateurs pour une espèce d'oiseaux noir bipèdes et hautains qui courent tout le temps et partout en criant pin-pom pin-pom.

Je me suis quand même promené beaucoup, et comme il y avait, événement tout à fait spécial, des ateliers d'artistes ouverts partout, cela m'a permis de voir une grande variété de petites cours et d'aménagements très agréables derrière des facades finalement assez semblables. Et puis, le simple plaisir de se balader en amoureux tranquilles, être finalement et enfin si heureux de réaliser ce projet espéré depuis si longtemps, la paix retrouvée de sa mains dans la mienne, et ses lêvres qu'il suffit de froler des miennes pour qu'elles se tendent frémissantes de désir. Un moment si bon, si doux que la perfection des projets planifiés semble bien ridicule.

J'habite un perchoir plus haut que les marroniers. Ce n'est pas vraiment adapté pour un ours, c'est un peu engoissant. Je peux pourtant admirer des oiseaux qui se posent sur les grands cailloux où les résidents de la forêt parisienne dorment. Et c'est comme ça que j'ai compris pourquoi les oiseaux Pin-Pom pullullent. J'ai vu l'épervier de Belleville sur un toi. J'ai trouvé des jumelles pour le rapprocher et bien l'examiner et j'ai constaté qu'il avait un bec et des pattes de pigeons, vraiment pas adaptés à la chasse.