Pour un loup blanc

La belle photo de Constance me hante. J'entends ce loup jusque dans mes rêves. Alors, j'ai volé l'image pour vous en parler. Il me rappelle un loup que j'ai vu très loin au Nord.

Il s'appelle Aqqunaqtuq, et je ne crois pas qu'il y ait de mots en français pour traduire la chose. Parfois en Arctique, le vent soulève une neige très froide et très très fine qui vous entoure complètement, si bien que la lumière devient laiteuse, tout disparaît et il est impossible de se situer dans l'espace. Les anglophones ont un mot pour décrire quand un hélicoptère se pose dans la neige et que ce phénomène se produit : White-out.

Les nom des loups expriment souvent, une audace, une menace ou un grand danger. C'est pour dire la force, pour créer la peur. Parce que vaut mieux faire peur que forcer au combat.

Aqqunaqtuq est le premier gardien, l'amoureux de la dame du clan des Marcheurs de la rivière Pivurnituq tout au Nord du Nunavik. Je ne la connais pas. J'ai rencontré Aqqunaqtuq dans un moment de solitude rare. Il était cerné par l'odeur de l'homme et ne savait plus par où fuir. Il a dit :

Mon amour, je te sens, je sais que tu es là, tout près, mais je ne peux pas te rejoindre. S'il te plait, ouvre-moi une route. Je veux la douceur de ton poil, je veux la tendresse de ton odeur, je veux la chaleur de ton regard. J'ai besoin de ta paix.

Je suis le vent sur la neige, je soulève la neige pour te faire disparaître, pour faire disparaître toutes menaces. Parce que je t'aime. Et sans toi je ne suis rien, je ne sers à rien. Comme le vent courant sur la glace nue. Viens me chercher.