Pour vivre heureux, vivez vieux!

C'est une réponse au bon billet de Tili... ça ne change rien, mais l'éclaire de façon différente.

Pour bien vieillir, soyez heureux. La thèse que défend Tili rencontre le sens commun. L'aspect nouveau, c'est que la dépression pourrait laisser des traces physiques dans le cerveau. Comme elle, je pense que ça va faire très plaisir aux compagnies qui vendent des antidépresseurs, même s'il est presque certain que ces pilules du bonheur ne guérissent pas la dépression. Elles peuvent permettre aux malades de se reprendre en main pour faire le travail nécessaire à la guérison. Il serait intéressant de mesurer si les déprimés qui prennent des antidépresseurs ont statistiquement moins de risques de développer une démence durant la vieillesse que ceux qui n'en prennent pas. Encore ces petites pilules sont tellement largement distribuées qu'il deviendra difficile de trouver des gens qui n'en ont pas pris à un moment de leur vie.

Je cherche sans la trouver, une étude que j'ai lue cette semaine qui prétend que les canadiens sont de plus en plus heureux en vieillissant ( ça n'inclut probablement pas le quatrième age, les gens en lourde perte d'autonomie). Pourquoi? Dans le présent contexte d'épidémie de dépressions la réponse à cette question me semble essentielle.

À la dépression, il y a les causes biochimiques. On ne répand pas dans l'environnement des montagnes de perturbateurs endocriniens, de pesticides et autres merdes dont on ne connait pas l'impact, sans que cela laisse des traces dans nos organismes et nos cerveaux. Mais il y a aussi l'organisation de nos sociétés qui provoquent les dépressions.

Nous ne sommes plus en mesure de définir notre clan, notre groupe de support. Faute de pouvoir collaborer, le « je » enfle pour occuper tout l'espace et éclate. Il ne reste qu'une petite boule dure qui tourne en rond... c'est ma définition de la dépression. Pour s'en sortir, il faut apprendre à moins s'importer, à compter sur les autres, à être en relation d'affection.

Je pense que c'est pour cela que les vieux canadiens sont plus heureux. Après avoir appris que le travail acharné pour une entreprise nous vaut le mépris de nos patrons, que les plus grandes amours éternelles passent aussi et que l'être le plus intelligent du monde (moi) s'est souvent montré d'une nullité affligeante, j'ai compris que j'ai besoin des autres, que faire plaisir aux autres, être en lien avec les autres, c'est ma première source de joie. Malgré tous mes problèmes, je veux être heureux, parce que ça rend heureux les gens autour de moi.

C'est par la sexualité que je me suis rendu compte qu'en essayant de rendre ma partenaire heureuse, en m'intéressant à son plaisir plutôt qu'au mien, je finissais par avoir moi, plus de plaisir. Je tente d'étendre la méthode...

Ce que je regrette, c'est de ne pas avoir compris cela avant, je me serais épargné bien des peines. Est-ce cela l'expérience ? La paix de la maturité ? Je ne sais pas. Mais si c,est une pensée de vieux, je dis que ça vaut la peine d'être vieux, et que je regrette de ne pas avoir été vieux avant.

C'est le bonheur que je vous souhaite.