Victoire à Juliaca

Parfois, les luttes donnent des victoires, même contre des minières.
Bear Creak, une minière canadienne, ce n'est pas étonnant comme très souvent quand il y a un coup tordu quelque part, c'est une petite minière canadienne qui est impliquée. Ce genre d'entre prises sont là pour faire le sale boulot et revendre le projet à une grande société, une fois celui-ci mis en exploitation. La technique est pratiquement la même partout, on achète à coup de pot-de-vin l'accord des petites élites locales, et après on achète à coup de pot-de-vin auprès du gouvernement national le permis d'exploitation. Les populations locales se révoltent, la police et l'armée interviennent et répriment dans le sang ses mouvements d'agitateurs étrangers, et voilà, la minière peut polluer à son aise.
Sauf que parfois ça ne suffit pas. C'est la région du lac Titicaca à 3800 mètres d'altitude, des paysans, en majorité des amérindiens Aymaras vivent de cultures vivrières sur des terres extrêmement fragiles, menacées de désertification. Le fleuve (plutôt un torrent de montagne) Desaguadero fournit l'eau aux cultures, la moindre pollution tue la région sans espoir de retour à la normale. C'est pourquoi les populations locales ont décidé de bloquer les voies d'accès à cette région, principalement la route qui traverse la frontière avec le Chili, et l'aéroport. 500 camions bloqués, la tourisme à zéro, la police est intervenue et même après 6 morts et une centaine de blessés, le blocus a tenu bon. 
 Le gouvernement péruvien a du reculer et annuler le permis d'exploitation de la minière canadienne. Ce n'est pas encore fini, la minière contestera cette annulation devant les tribunaux, et la loi protégeant le capital contre les populations, la minière sera probablement largement dédommagée. Une fois de plus les pauvres devront payer pour que les riches soient plus riches. Mais au moins ces paysans ont sauvé leurs terres, c'est déjà une grande victoire.