Moukmouk de Pohenegamouk

Un jeune corbeau vient taper à ma fenêtre le matin vers 5:30… ça va, je suis un lève-tôt. Mais je me demande ce qu'il veut… Ce qu'il y a de très étonnant c'est que corvus croax, le grand corbeau, est un oiseau de la forêt profonde, qui ne vient que rarement à moins de 3 kilomètres des maisons. Je ne le vois que le matin, après il retourne dans son territoire.

La logique voudrait que je tente de le suivre… Mais suivre un corbeau même à bicyclette ça reste difficile. Il fait facilement 40 kilomètres/heure. Il faudrait qu'il m'attende. C'est vrai que Toutenqueue le renard m'a quelques fois proposé la ballade, alors qu'un corbeau encore plus intelligent qu'un renard m'amène en forêt, c'est possible.

Je ne parle pas bien le corbeau, je ne les rencontre pas assez souvent. Ils vivent dans de leurs territoire et n'en sortent que rarement. Si on va chez eux, c'est assez facile de s'en faire un ami semble-t-il. Il y a beaucoup de récits de solitaire en forêt profonde qui ont pour compagnon un grand corbeau qui accepte la conversation. Oui parce que les corbeaux peuvent parler l'humain, avec assez facilement un vocabulaire de plus de 100 mots. Plusieurs adolescents en ont moins. Ils sont curieux et collaborateurs.

De toute façon c'est le bon temps pour aller en forêt. Il n'y a plus de neige dans la montagne, et pas encore de moustiques. Et puis les feuilles ne bloquent pas encore la vue. Les arbres sont pleins de fleurs (les toutes petites fleurs rouge-brune des érables, les vertes des peupliers les blanches des hêtres) et s'il y a encore beaucoup d'eau partout, j'ai les bottes qu'il faut.

La météo s'annonce très favorable, alors demain matin, je secoue ma torpeur hivernal et je vais suivre le corbeau, s'il le veut bien.