Histoires de Noël - La chasse-galerie partie 2

Plutôt que mourir de faim, de froid ou de folie... vaut mieux appeler le sauvage. Ses tarifs de transport sont très élevés. Mais c'est mieux cela que mourir gelé dans la forêt. C'est la suite du dernier billet. Et j'espère finir l'historie demain... quoi que je ne sais pas encore comment ça finit, enfin il ne faut pas le savoir...

A la quatrième semaine, il n'y a plus vraiment d'espoir. Les hommes ne rêvent plus de fortunes de belles fourrures, les hommes rêvent de leurs femmes au village, de chaleur, des enfants, des patates, de la paix. Mais comment redescendre? Comment retourner au village? Comment retrouver la piste dans ce blizzard?

Il n'est pas normal ce blizzard! Ernest pense que c'est à cause de l'ours. Il fallait pas tuer l'Ours. Moi je pense qu'Ernest, il est en train de virer fou. Il est trop jeune pour un voyage comme ça, je le savais, je ne voulais pas qu'il vienne! Mais Ti-Paul a dit qu'Ernest venait. Je ne peux pas lui dire non... Entre Ernest et moi, je n'aurais pas fait le voyage. Pourquoi je fais ce maudit voyage... J'ai peur...

Il y a Ti-Jean qui dit qu'il sait comment redescendre... qu'il connaît la musique pour faire venir le sauvage. Ti-Paul lui a bien interdit de jouer cette musique-là... Je me demande de quoi il parle... Les sauvages, il sont comme nous-autres! Ils attendent que le temps se mette au beau pour être capable de chasser pis de manger. Il y a pas de sauvages qui vont se promener dans la forêt par un temps pareil!!!

Cinquième semaine. Nous avons mangé un chien. Plutôt que mourir de faim on a tué puis manger un chien, il en reste plus que deux! Ça va être dur de redescendre avec juste deux chiens. Mais je veux pas mourir icitte!!! Il y a Ti-Paul qui tourne en rond dans la cabane, et criant, moi je reste caché au bout des lits... j'ai peur de ce qu'il va faire! Il vient de menacer de tuer ti-Jean s'il fait encore de la musique, ça fait qu'il chante, il crie en fait en prétendant chanter...

Ernest en a profité pendant que Ti-Paul avait le dos tourné, Il l'a assommé d'un grand coup de bûche de bois derrière la tête. Maintenant le géant est étendu à terre. Ernest l'attache avec les lanières de cuir, de l'attelage des chiens. Puis il crie:

--Ti-Jean! Si tu connais un moyen de nous sortir d'icitte c'est le temps! Quand Paul va revenir à lui, il va nous tuer. Je veux pas mourir : fais quelque chose!!!

Ti-Jean sort sa musique à bouche et joue, c'est juste deux notes qui se répètent, mais vite, vite, vite et puis ces pieds frappent le plancher le plus vite possible... Tout le monde est devenu fou, j'ai peur... ça fait à peine dix minutes que que Ti-Jean joue quand : Bang!! Bang!! Bang!!! trois grands coups sur la porte. Ti-Jean me crie : Va ouvrir!

J'ai tellement peur! Tellement peur que je suis obligé d'obéir.

Et puis quand j'ouvre la porte, il y a juste un vieux sauvage, très vieux, tout ridé, les yeux vides, il est aveugle c'est certain. Il est habillé tout en peaux de castor avec un drôle de chapeau en Porc-épic. Il a beau être vieux, il est quand même très grand, il remplit presque toute la porte. Il a une voix très grave qui résonne quand il dit :

--Tu m'as appelé?