Un ours pas gentil
lundi 11 décembre 2017, 19:35 Lien permanent
Notre grande amie l’ @Mouettemoqueuse m’a posé une grande question, surtout une question bien compliquée… Je ne me défile pas, je vais tenter de répondre. Aujourd’hui et demain… je n’ai pas fini d’écrire. Suis-je un ours gentil?
Ma Maman est née dans la forêt à une époque où il ne fallait plus être de la forêt. Une époque où il ne sert plus à rien de connaître les plantes, on ne les mange plus. Ça ne sert à rien de connaître les bêtes, elles ne sont plus nos alliées dans la survie, ça ne sert à rien de lire le ruisseau la rivière et le lac, de lire la montagne et le ciel. Non, il faut lire des livres. Ça ne sert à rien de lire la forêt, il faut savoir la compter en mètres cubes de bois, en papier, en défrichage pour semer du blé pour nourrir plus de gens qui n’ont pas besoin de la forêt.
Je suis né juste à la lisière de la forêt. J’ai appris à marcher dans la forêt, à parler et comprendre les oiseaux. Les ridicules histoires des oiseaux qui se pensent au-dessus de tous parce qu’ils peuvent voler. Les histoires drôles des écureuils, des marmottes et encore plus les histoires des bavards castors si prétentieux. Mais ce n’est pas ça qu’il fallait apprendre. Il fallait apprendre des histoires de pays étranges où ils y avaient des rois, des espèces de monstres qui ordonnent à d’autres hommes d’aller tuer et se faire tuer . Pire des histoires où des humains mangent pendant que d’autres ont faim. Cela est inacceptable dans la forêt. J’ai essayé de me fuir, mais je n’avais pas le droit. Il faut apprendre à être un puissant, un riche, un fort ou pire : un monstre, un raté, un incapable de dominer, d’écraser, de tuer.
Parce que je croyais ne pas avoir le choix, j’ai appris. J’ai appris à dire: fais ça c’est pour ton bien. Tu n’es pas rentable. Travaille plus fort sinon je te vire...mais cela me rendait malheureux. Mais comme je n’avais pas le choix, mon malheur me rendait encore plus méchant.
En pleurant, j’ai marché sans trop m’en apercevoir jusqu’à la forêt où les oiseaux ridicules m’ont dit que j’étais ridicule. Les si importants castors m’ont fait de grands discours pour m’expliquer qu’ils avaient de grands travaux, que je leur faisais perdre leur temps avec mes petits problèmes. Que dans la vie il faut ce qu’il faut… être à sa place!
Ma place… certainement ce n’était pas ma place...et si je n’avais pas de place.
Et comme je n’avais plus rien à dire, j’ai entendu le murmure de la forêt. Elle s’est souvenue que j’étais un de ses enfants et m’a donné la chance de me reprendre.
Commentaires
Oh, comme je comprends ce sentiment... Les hommes n'auraient jamais dû quitter la forêt. Le monde est folie, sorti du couvert des arbres, même si on s'évertue à essayer de nous faire croire l'inverse!
Mais oui tu as une énorme place, dans la forêt mais aussi dans nos cœurs.