Un mois moins un jour

Un mois à l’hôpital, c’est long, très long. Je veux d’abord dire merci pour les bisous. J’en avais sérieusement besoin et j’en ai beaucoup reçu.

J’étais dans un hôpital universitaire flambant neuf, avec une des meilleures équipes de cardiologues du monde, du personnel professionnel et dévoué et surtout ils n’étaient pas surchargés parce que l’hôpital entre progressivement en opération et que 50% des chambres n’étaient pas encore occupées. Les chambres sont très grandes, avec la climatisation individuelle, des grandes fenêtres sur un paysage magnifique et surtout le wifi. Magnifique le wifi, fini le temps où on s’emmerdait à mourir à l’hôpital. Souvent on n’a pas la capacité de faire du travail intellectuel, mais jouer à un petit jeu stupide c’est beaucoup mieux que broyer du noir et se demander quand et comment on s’en sortira.

 

Mon cœur n’était presque plus alimenté en sang frais. Je risquais un infarctus catastrophique. Les hémodynamomiciens (ceux qui passent des sondes dans nos artères les débloquer) ont vraiment tout tenté pour que je n’aie pas à subir la chirurgie, mais ils n’ont pas réussi là où était le principal problème , une artère déjà pontée. Je suis descendu deux fois dans leurs salles, la première fois pour 3 heures la seconde pour 5 heures. On a beau être sous calmants, il faut être conscient et je vous jure que c’est dur très dur aussi longtemps sur leurs petites civières.

Pourquoi autant d’effort? Parce qu’un re-pontage c’est difficile. Une opération c’est une plaie et le corps réagit en créant des tissus, des adhérences, un système de défense en quelque sorte. Alors le chirurgien doit trouver dans tout ce fatras l’artère, en faisant le moins de blessures possible. Pour moi, c’est l’artère mammaire gauche qu’il fallait remplacer. J’ai maintenant une belle cicatrice sur la jambe gauche d’une 40 de cm. Bravo le chirurgien, je m’en suis sorti vivant. Parait que les premières 24 heures je leur ai dit très haut et très fort que ça faisait mal, mais je ne m’en souviens plus. Ils ont de la très bonne drogue.

 

Il y a eu des complications, effondrement d’un poumon, problèmes respiratoires, problèmes aux reins: du difficile, mais c’est justement pour cela qu’on est dans un hôpital universitaire, ils savent comment et le font bien.

 

Bien sûr j’ai eu peur. Quand on dépend à ce point de machine et du savoir attentif des autres, il est prudent d’avoir peur. Et quand j’avais vraiment peur, je vous l’ai dit, réclamant des bisous de réconfort. Et vous avez répondu généreusement. MERCI MERCI BEAUCOUP.