Les amours de la Rêveuse

Un texte écrit depuis un bon moment mais que je n'ai pas publié parce... il n'est pas pour les enfants. Mais, je rêve de printemps, même si c'est encore l'automne. 

Il y a les grandes dames du Nord, conscientes de leurs pouvoirs et de leurs responsabilités, elles tentent de faire survivre tout ce qui vit là-bas, malgré le temps, malgré les changements, malgré l'homme. Ces grandes Dames, ces mères de clan dirigent des groupes de marcheurs, de féroces guerriers à l'odorat subtil, à la résistance étonnante, au courage sans faille.

Oui ils courent les loups, ils courent par amour de leurs Dame, par amour de sa sagesse, pour le respect de l'équilibre et de la Beauté du Monde. Les grands loups du Nord, réunis par la voix, par l'odeur, de la Dame, et ils sont prêts à affronter toutes les exigences de cette terre du noir et blanc, de l'absolu, du radical appel de la vie.

Plus au Sud, il y a aussi des loups. La tâche est moins exigeante, mais le foisonnement de la vie rend le loup tout aussi nécessaire. Maintenir par la puissance de sa mâchoire, l'équilibre de la vie. Mahyelkati, la louve qui rêve, maintient sa meute dans les hautes gorges d'une rivière, assez près des hommes pour les sentir tous les jours. Mais son territoire est assez accidenté pour qu'elle puisse se cacher à leurs vues.

Son premier gardien et amoureux s'appelle Pujurak, Petite Brume, c'est sa force. Il est là, on le sent comme un frémissement dans l'air, comme un doute à nos yeux, Il est là et pourtant il n'y est pas. Souvenir d'un matin froid sur le lac, rappel au vent qu'il a oublié de se lever.

Et la Rêveuse aime la douceur de son amant. Son nez humide qui frôle tendrement sa vulve, sa langue qui vient y boire le besoin d'amour. Le rêve a besoin de l'odeur de cette petite brume, du parfum de la volupté espérée, quand il sera temps, quand le travail sera fait.

Oui Chère Rêveuse, tu me sais là, même si je ne semble pas y être, aussi près de toi, que tu le veux pour te protéger, aussi près de toi, que tu le désires, et pourtant loin pour que tu sois libre, de choisir les lunes de réunion, de décider pour toi des chasses qu'il faut faire.

En ces terres incertaines où le danger est partout, je ne peux être que Petite Brume, et t'envelopper de ma tendresse. Suis-je loin? Suis-je près? Oui, je peux être près, Ma Rêveuse, quand tu plisses les yeux pour voir le temps qu'il fait, tu peux sentir des demains très présents.

Je ne laisserai pas de traces. Je ne veux pas de blessures au monde, je passe, tentant de n'être que l'aboutissement de ton désir, je ne veux exister que par ta volonté.

Je veux et je te laisse la caresse des parfums de l'autre, que nous laisserons tels des poèmes sur les pierres et les arbres de nos sentiers. J'y collerai mon nez, j'humerai ton désir, jusqu'à ce que l'onde de mon désir fasse vibrer le monde et que ton corps en résonne.

Je veux que ma langue trouble chacun de tes seins, je veux les sentir durcir dans ma bouche, et puis je veux t'entendre geindre, oui, toute cette passion tout ce bonheur vient de la présence du rêve et d'une petite brume, je suis Pujurak pour que ton Monde soit beau

Et puis Rêveuse tu laisseras ton poil se mouiller de tendresse, se confondre dans le mien, se parfumer de nos volontés de voir le Monde se poursuivre. Je suis Pujurak pour que ton Monde survive.

Oui dans cette Terre incertaine, l'odeur des hommes et de leurs machines est une menace constante. Il faut rester ensemble, pour protéger ce qu'il reste de la forêt, ce qu'il reste de la vie, ce qu'il reste du Rêve.