Comme un piaf

Super-Extra-Thérèse m’envoie une jolie photo de moineau. Un piaf, tout ce qu’il y a de piaf ordinaire, gueulard, imbu de lui-même toujours prêt à critiquer. De la plume ordinaire, un peu salie par la ville. L’oiseau modèle, tant il décrit ce qu’on ne voit plus, tellement c’est courant.

Passer domesticus est l’oiseau le plus commun des villes, un voleur, un opportuniste, souvent batailleur, il s’est adapté aux comportements humains presque partout sur terre. Sa première force est d’être adaptable.

Bon sa voix est loin d’être mélodieuse. On dit qu’il chuchote et qu’il pépie c’est faux, il crie le plus fort qu’il peut, il gueule, tant pour prendre possession d’un territoire que pour revendiquer, de quoi survivre. Voleur? Pas vraiment, il profite au mieux qu’il peut de ce qui passe, de ce qui tombe de la table des puissants. Il n’a pas vraiment le choix, ses petites ailes ne le porteraient pas très loin. il ne vole pas assez bien pour chasser les insectes, alors il prend ce qu’il trouve, il travaille au noir dans la ville.

Émigrant du Proche-orient. Il a su s’adapter au tissu de toutes les villes, et il prospère, pas très aimé, mais très actif à survivre. Là où il y a de l’homme, il y a du moineau. Peut-être parce que l’homme comme le moineau essaie de survivre de ce qui tombe de la table des puissants.

Il y a une différence, chez les humains il y a parfois des élections. Je sais, élection piège à con, à quoi ça sert de choisir celui qui va nous exploiter, etc. Le gueulard de moineau est le premier à contester l’organisation du groupe de moineau, et pourtant il suit la loi du groupe.

Il y a presque quarante-mille Français qui ont droit de vote à Montréal. Le très riche et puissant Sarko trouve que c’est assez pour que ça vaille la peine d’ouvrir ici un bureau, d’avoir une organisation qui fait de la cabale pour lui, pour si peu de votes. Cela veut dire que sans doute chaque vote compte.

Je ne sais pas grand-chose de la politique française. Mais je sais que l’exclusion et la violence de l’état, je suis contre. Je suis contre ce racisme déguisé en bonnes intentions civilisatrices et économiques, qui fait que les Inuits et les Amérindiens d’ici sont encore des sous-hommes sans droit civique. Ce n’est pas seulement viscéral, c’est pour moi vital. Alors s’il vous plait, allez voter. Ça vous donnera au moins le droit de gueuler après, et peut-être empêcherez-vous que ce triste sire crée les occasions de matraquer ceux qu’il veut exclure.