Nouvelles du Nord: une course de baleines

Deux baleines font une petite course pour s'amuser. Il y a dans cette petite phrase de quoi faire quelques billets. Et ceux qui osent prétendre que j'écris un billet sur les baleines quand le nombre de commentaires diminue, ont torts! Je fais des billets parce que j'aime les baleines (et les commentaires).

L'histoire est toute simple, un couple de rorqual commun a été vu dans la région de Sept-Iles marsouinant rapidement et se dirigeant vers le large. On les a suivi sur 2 kilomètres qu'ils ont parcouru en moins de 6 minutes, soit autour de 40 kilomètres/heures. C'est très rapide mais pas exceptionnel. En passant, mon imbécile de dictionnaire accepte: « marsouinage » pour un mouvement d'oscillations longitudinales d'un aéronef en vol, mais pas le verbe marsouiner. Autrement dit les avions ont le droit de faire comme les marsouins, mais pas les marsouins, ni les baleines. C'est donc avec beaucoup de plaisir que je lui dit : « merde » de votre part.

Je dis un couple de rorqual parce que ces très grands mammifères sont généralement plutôt monogames sur de longues périodes. Alors je suppose que madame a dit à monsieur : « tu nages pas aussi vite que moi » et de partir à toute vitesse, en prenant soin de se laisser rattraper au bon moment. C'est une technique très éprouvée chez la plupart des animaux dit intelligents. J'ai écrit « dit intelligent » parce qu'il faut être un mâle vraiment stupide pour tomber dans un piège pareil à moins d'être complètement d'accord pour y tomber.

Mais ce qui me fascine, c'est la quantité d'énergie que représente le déplacement d'un animal de plus de 100 tonnes dans l'eau à 40 kilomètres/heures. On peut parler d'hydrodynamique tant qu'on voudra mais maintenir de pareilles vitesses quand on sait que la résistance de l'eau augment au carré de la vitesse... C'est vraiment extrêmement exigeant. ( il y a-t-il un ingénieur pour me calculer le nombre de joules et l'énergie à évacuer?)

J'avais fait un billet je crois (je ne le retrouve plus), sur le ventre des petits rorquals qui devient rose quand ils vont vite, parce que c'est comme un radiateur, un système de refroidissement du sang qui leur permet de dépenser de très grandes quantités d'énergies pour une brève période. Disons que c'est l'équivalent de la sueur chez nous. Les grands rorquals communs, n'ont ni sueur ni radiateur pour évacuer toute la chaleur que produit un tel effort. Ils n'ont que le souffle. Alors quand ils foncent comme ça, le bruit de l'expulsion quand l'évent s'ouvre, fait un peu comme un canon et s'entend sur au moins 3 kilomètres autour.

Comment ne pas être heureux quand on voit la force de la vie, la joie de la vie, s'exprimer ainsi dans la mer, l'eau dans le ventre de la mère.