L'hirondelle qui chante malgré tout

Ce qu'il y a de bien avec l'Internet et la blogosphère, c'est qu'on y découvre des gens vraiment fantastiques. Des gens qui ont certainement des atomes crochus avec nous, parce que tout de suite à leur contact on se sent bien, et à les lire, on comprend que nous partageons la même route.

Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais elle l'annonce. Quand commence la danse dans le ciel des hirondelles bicolores, je vois les doigts des danseuses de Bali, qui dessinent dans le ciel la forme, la nouvelle incarnation du printemps. Ce qui meurt à l'automne sous la neige, ne meure pas pour toujours, métempsychose du lien entre tout ce qui vit, la forme nouvelle n'est que la répétition de ce qu'il y a, différente et semblable, être. Même s'il faut nier le temps pour constater cette réalité.

Avant les hirondelles le souffle puissant des grandes oies blanches remontant vers le Nord, la pulsion de la vie, l'effort de survivre, a balayé le monde, l'a rendu neuf pour voir la nouvelle forme de la vie. Mais après avoir dit la nécessité, les hirondelles entrent en scène pour dire la joie dans la Beauté du Monde.

Dire la nouvelle incarnation du printemps, c'est aussi dire le monde pour ce qu'il est : fragile, menacé par toute cette énergie qui ébranle la structure actuelle. On ne peut pas demander aux hirondelles de porter la réalité du Monde sur leurs si petites ailes. La dessiner est déjà un exploit. Elles doivent s'y mettre à plusieurs pour que la danse soit réaliste, pour que la forme émerge dans un temps suffisamment bref pour que les autres vivants sur la Terre comprennent le message. Elles sont habiles à faire le lien, entre elles, entre nous tous à dire et répéter ce qui est important pour montrer le sens, la direction du Monde.

Mais plus que montrer le sens, il est important de dire la Beauté du Monde. Pour cela, il y a la musique. Petite voix flutée, timide dans un si vaste ciel. Petite voix flutée timide pour couvrir le brouhaha de la machine de mort qui rampe sur le sol. Ce n'est pas une raison de se taire, au contraire, chantons chantons, encore et plus fort.

Le Monde a besoin de cette musique, le Monde a besoin des hirondelles pour voir la vie, la beauté de la vie, le lien qu'est la vie entre tous les vivants.

J'ai une amie qui est une hirondelle, qui chante très fort de sa petite voix pour dire la Beauté du Monde. Dans la langue de ceux de la forêt, une hirondelle se dit: Sansazi. Alors, je pense que ça lui ferait un bon totem: au long ça donne: Sansansazi-Olomintu : L'Hirondelle qui chante malgré tout.

Continue le Monde a besoin de toi.