Pélerinage rue Sequier

Enfin un temps propice pour une longue marche. J'ai fait une petite vingtaine de kilomètres, histoire de me délier les pattes et me mettre en train pour les choses sérieuses ( si jamais les ours sont capables de choses sérieuses).

D'habitude, je me fie plus à mon genou gauche et mon coude droit pour savoir s'il va pleuvoir. Sauf que je ne suis pas chez moi et la radio dit qu'il pleuvra dans l'après-midi, donc je quitte le plus tôt possible, histoire d'avoir le temps de découvrir le paysage avant qu'il ne se cache derrière un rideau de pluie.

Oui, il y a plein de gros machins magnifiques dans Paris. Sauf qu' en ours ordinaire, je suis beaucoup plus intéressé par l'odeur des rues et des gens, par les traces laissées par tous ces pas, par le son des mots échangés dans le présent et les échos de ceux qui ont été dits depuis si longtemps. Et puis les cours, ce qui est caché derrière les murs bien rangés, oui c'est la vie qui m'intéresse et Paris m'intéresse parce qu'on emmerde les camions et les autos pour laisser un peu de place au foisonnement désordonné.

Ce matin, le jardin du Luxembourg m'attire comme un aimant. Je compte revenir par Notre-Dame, l'Ile St-Louis et Beaubourg, même si ça veut dire traverser deux fois les murs puants des bagnoles qui gardent le fleuve. Une fois traversé, un mot s'impose à mon esprit "Séquier". Je ne connais pas ce monsieur Séquier, membre du conseil d'Etat, je n'ai même qu'une très vague idée de ce qu'est un Conseil d'Etat. Non ce qui m'attire là, c'est qu'avant de s'appeler Séquier, c'était la rue des Andouilles ( les idiots) parce que sont enterrés là, le chef Iri Akoï Donnacona et de ses adjoints que Cartier enleva et ramena en France en 1535. Les détails sont ici.

C'est Donnacona qui a fait échour l'alliance de Membertou avec les Français, provoqué une guerre de 60 ans, et que finalement, l'anglais est la langue dominante en Amérique. Alors, c'est avec grand plaisir que je vais lui marcher dans la face.