Bisphénol A encore une fois

Oui, vous pouvez dire que c'est une de mes marottes. Mais je n'arrêterai pas de crier qu'à foutre de la merde partout, nous finissons par en manger.

Ça fait deux ans que j'en parle et quand le Canada avait fait un geste, je croyais bien que nous étions dans la bonne direction. Mais tout de suite après, l'industrie a produit toute une nouvelle série d'études pour dire que d'après la méthode ceci et cela, non, il est impossible de déterminer un seuil de nocivité pour la substance. Pourtant, partout des laboratoires gouvernementaux lèvent des drapeaux rouges et crient danger.

Le bisphénol A, qu'on nomme souvent BPA est un plastifiant très courant dans la vie de tous les jours. Il est nécessaire pour la polymérisation des époxys ( les planchers, les peintures entre autres) des PVC ( les tuyaux d'eau) les polycarbonates ( les contenants alimentaires, les biberons en plastique, les prothèses dentaires). D'après les études américaines, il se produit autour de 4 millions de tonnes de Bisphénol A par année. Logique qu'on en retrouve dans le sang de tous les humains.

Cet été, c'est la France qui commande une nouvelle série d'étude, et maintenant les USA qui font un lien entre des malformations au cerveau et à la prostate des foetus et des nouveaux nés et le BPA. Ce n'est pas étonnant, le bisphénol agit comme une hormone sexuelle. Que cette molécule soit beaucoup moins active (de 300 à 1000 fois selon les études) que l'œstradiol, c'est évident, sinon il n'y aurait plus une seule naissance ni d'humains ni de mammifères.

Mais le fait que le BPA soit moins actif ne veut pas dire qu'il n'est pas actif, et si vous cherchez un coupable dans la baisse rapide de la fécondité et de la spermatogénèse, voilà un suspect évident. Ce n'est pas pour rien si les jeunes doivent de plus en plus recourir à des méthodes de fécondation assistée, il y a des causes.

Ça ressemble beaucoup aux études qu'on fait sur les stocks de poissons. Les gestionnaires étudient l'évolution de chaque espèce comme si elles n'avaient pas d'influence l'une sur l'autre. Les cabillauds mangent des harengs, si on pêche trop de harengs ne soyons pas surpris qu'il n'y ait plus de cabillauds.

Vous vous souvenez de l'Ile de plastique ? Combien de milliers de tonnes de BPA se dissolvent dans l'eau sont ingérées par les poissons et entrent ainsi dans la chaine alimentaire ? Quand vous achetez vos produits bio-santés enveloppés dans du plastique ? Une fois encore, même avec la meilleure bonne volonté, les actions individuelles ne suffiront pas. Il faut des politiques pour empêcher la fabrication des BPA.