reprise de colibris

C'est dimanche, j'ai droit à une reprise, enfin j'espère... On me dit qu'il n'y a pas assez de contes en ce moment, je m'y mets promis.

C'est le plein été. Le contexte : depuis quatre jours, les bébés colibris( 2 garçons, une fille) sont sortis du nid. La technique de vol est parfaitement maîtrisée (croient-ils),  et il y a toujours un oiseau à la mangeoire. Les garçons sont très turbulents, et s’attaquent continuellement pour savoir qui est le plus fort, le plus habile au vol. Il est très intéressant de voir ces simulacres de combats. La norme chevalière chez les colibris veut qu’on ne s’attaque pas du bec, mais qu’on se projette le plus fort possible, en vol debout, et qu’on frappe avec son poitrail le poitrail de l’ennemi, dans un fort grondement d’ailes et des cris hystériques.

Il est probablement très difficile de se blesser à ce jeu. J’essaie de comprendre pourquoi un oiseau accepte d’être perdant et de quitter la lice. Celui qui veut tout expliquer chez les animaux à partir de la reproduction et de la nourriture, ne comprendra jamais les subtils combats de chants de deux mâles,  les extraordinaires arabesques des hirondelles, ou pourquoi on peut s’acheter un 4X4.

Grâce à un cadeau extraordinaire d’une amie encore plus extraordinaire, je peux vous montrer ce qui se passe. En fait non, je ne maîtrise pas encore assez le logiciel et le résultat est assez raté. J’ai voulu mettre en évidence deux fleurs (des lys tigrés)  qui sont stratégiquement situées à 3 mètres de la mangeoire. Je n’ai pas trouvé le bon outil et n’ayant plus de temps j’ai fait un truc qui, bon si vous êtes gentils, vous permettra de deviner qu’il y a là, des lys pas encore en fleurs.  Pitié s'il vous plaît. Le coucher de soleil m’évitera probablement la peine capitale.

La jeune colibri, s’est installée sur la fleur et contrôle le trafic à  la mangeoire.  Si quelqu’un s’attarde un peu trop, elle fonce bec devant et pousse le goinfre hors des lieux. Aucune chevalerie dans le geste, un seul but, le contrôle. Une définition à elle des bonnes manières qu’il est impossible de discuter. Il y a que la mère qui a compris, elle attend que la bataille soit bien engagée pour foncer sur la mangeoire et s’empiffrer.

Le père-lui, tente la pédagogie.  Chez les colibris qui se respectent, on n’attaque pas comme ça dans le seul but de posséder, il faut être beau, agir avec panache et démontrer que malgré la taille nous sommes de gros oiseaux puissants. Le vol de bataille est d’une très grande beauté. Il s’agit de faire le corps très droit, des arcs de cercle allant de 80 à 130 degrés. Le vol vertical fait un bruit assourdissant, et on montre bien qu’on est beau et fort.

La petite regarde cela d’un oeil amusé, l’autre rivé sur la mangeoire,  et quitte la leçon pour attaquer l’imprudent qui s’attarde. Le contrôle est sa passion, sa raison de vivre.
Un des jeunes est venu me voir pour me demander quoi faire. J’ai bien failli lui répondre que de la mère contrôlante, le garçon passait à la petite amie contrôlante, à l’amoureuse contrôlante, à la femme contrôlante et finalement à la maîtresse contrôlante. Mais j’ai trop peur des conséquences, alors non, je ne sais vraiment pas quoi faire.