Une hypothèse fumante

Les immenses incendies qui attaquent les forêts du monde posent des questions bien difficiles à répondre. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer.

 

Féroces discussions avec un ami climatologue qui développe (entre autres) un modèle pour prévoir l’étendue et l’intensité des incendies de forêt qui tient compte d’une très vaste quantité de facteurs, dont les températures, l’humidité, les types de forêts etc L’année dernière et cette année, sa belle construction s’effondre, les incendies sont beaucoup plus violents que ce que le modèle prévoyait.

 

Faut pas en faire une maladie, c’est comme ça que la science avance, on construit des dizaines de modèles et la réalité s’amuse à nous contredire. On a perdu des dizaines d’heures d’ordinateur et notre si douce confiance en soi, mais bon, on se retrousse les manches et on recommence. Dans le processus, il y a un élément important : les amis scientifiques qui se sont fait un malin plaisir à nous démolir avant et qui rigole de notre déconvenue. Attends un peu qu’ils osent dire quelque chose, je veux être le premier à être méchant avec eux.

 

Revenons à nos moutons, soit les incendies de forêts. Une des déterminants les plus importants le « light fuel » ou litière forestière, soit la quantité de matière inflammable que laisse tomber les arbres, (feuilles branches etc.) et qui jonche le sol de la forêt. C’est ce qui brûle d’abord et détermine la température du feu et donc les dégâts qui fera. Cette litière est le lieu d’une intense activité des microbes et des arthropodes qui décomposent cette litière. Le vivant a besoin d’eau et produit de l’eau continuellement recyclée dans cette écologie extrêmement complexe.

 

MAIS : on note partout (et proportionnellement à la proximité de l’activité humaine) une fantastique réduction des populations d’arthropodes surtout dans les forêts aménagées, et dans les environs des régions où il y a des activités agricoles. L’écologie des litières forestières est menacée et elle s’assèche plus rapidement ce qui sera une cause importante de l’augmentation de l’intensité des incendies.

 

Depuis 30 ans je crie que le réchauffement du climat est la grande menace pour la survie de l’humanité. Je crains maintenant que l’agriculture industrielle et l’emploi abusif des pesticides aura raison de nous avant la hausse mortelle des températures. Sauvons la filière de la betterave (et celle du maïs etc.) c’est plus important que la survie des humains.