Imitation du dimanche
lundi 21 août 2006, 00:57 General Lien permanent
Quand je cherche à découvrir les mécanismes de cette langue, je pense que le Français a connu son apogée au XIX siècle. Hugo, Flaubert et plus tard Baudelaire avait cet esprit de bourgeois désirant exprimer une noblesse qui n’a jamais existé. La délicatesse de cette langue exprime bien des sentiments qui aspirent à la grandeur. Je vais tenter une imitation, comme forme choisie d’admiration.
Madame, Hier soir vous étiez debout sur la grève. La nuit, très claire, me laissait vous apercevoir d’assez loin. Je distinguais jusqu’aux fleurs que vous teniez, d’une main distraite, le long de votre robe de fête.
Je ne sais quelle peine vous accablait, j’espère simplement que ce n’est pas l’amour qui vous est cruel, ce serait trop injuste. Et je retournai mon regard vers ces roses, fleurs convenues. Elles me seraient indifférentes sans leurs beautés actuelles, qu’elles doivent en grande partie, à la pâleur de la main qui jette son ombre sur elles.
Quelqu’un vous appela. Et je sentis votre soupir, votre tristesse de devoir retourner à cette fête qui certainement n’en était plus une, puisque même entourée de la meilleure société de la région, vous étiez seule.
Le vent, éternel soupir aussi, passa autour de votre visage : puis il vint me frôler les cheveux et le front d’un souffle triste et sacré; j’eus l’impression du destin. Vous vous êtes détournée; vos sourcils, votre air, vos yeux distraits, tenaient de la nuit. Vous avez regardé l’eau magnifique, et le lointain, comme à regret de les quitter.
Alors, pendant que vous faisiez à l’infini l’honneur d’y songer vaguement, je conçus l’audacieux projet de vous écrire. Peut-être ma solitude rejoindrait-elle la vôtre, et adoucirait cette tristesse qui semble si lourde.
A ce moment, je crois que mes yeux se sont fermés : quand j’ai regardé la plage, vous n’étiez plus là. Était-ce la manifestation de la beauté, d’un amour depuis longtemps disparu, mais qui était si intense qu’il vit encore et qu’il vivra toujours pour rappeler au monde ce qu’est l’amour? Non, je vous sais réelle. Je sais que vous avez un cœur et qu’il peut à nouveau battre à la tendresse.
Alors, excusez mon audace et daignez s'il vous plaît, répondre à cette missive. Je n’ai d’autre intention que de vous revoir sourire, me permettant ainsi de vous revoir.
Commentaires
Ben merdum alors, je reste sans voix (ça tombe bien que je puisse écrire encore !!). C'est vraiment très beau Moukmouk ce que tu viens d'écrire là.
J'ai souvent remarqué que, lorsqu'ils y metent du leur, les "étrangers" parlaient et écrivaient mieux le français que les français eux-mêmes. C'est rageant parfois !!
(soupir)
C'est joli, Moukmouk.
(re-soupir)
Ah que c'est bien imité !
J'aime encore mieux le français d'un peu avant, quand il était plein de mots "verts et drus" ! Ce côté trucculent, depuis, on ne l'a retrouvé sous une forme plus moderne qu'avec San-Antonio !!
Anne--) oui mais c'est une autre langue qui elle n'est que difficilement reconnue. la langue française est la langue de la loi et de l'Académie, celle du peuple français n'a pas le même esprit. Le peuple parle le Ti-ti, le Parigo, le verlan, et d'innombrables autres patois, qui marque bien la différence entre ceux qui contrôlent et ceux qui sont contrôlés.
Isadora--) Pour les déclaration d,amour, il faut quand même y mettre les formes
Laflote--) quand tu t'y mets, tu es très capable de me donner des leçons d'écriture.
Joliment dit.
Monsieur,
De grâce, je vous serais infiniment reconnaissante de bien vouloir garder ces sentiments que mon coeur, dans un instant d'abandon, a su vous dévoiler. L'ivresse des parfums nocturnes, le doux murmure du lac tendrement m'envahirent, et soudainement les battements de mon coeur, tel un oiseau de nuit, s'envolèrent vers l'immensité des cieux, et ce visage tant de fois esquissé, aimé, adoré, de ressurgir avec violence, et me voilà chancellante, ivre encore du murmure de cette voix, ah ! ..... Monsieur. C'est toute tremblante d'émotion et encore sous l'emprise de cet instant magique que je vous écris ces mots. Un jour sans doute, vous ouvrirè-je mon coeur et peut-être alors ...
Mais de grâce, Monsieur, je vous supplie de bien vouloir garder en devers vous les émois de mon pauvre coeur.
De votre solitude, Monsieur, je ne sais que dire, votre coeur, sans doute en secret, pleure au silence des images chéries.
Adieu Monsieur. Ecrivez-moi.
Makpela.
Makpela--) Madame,
je suis gentil-homme, je respecterai donc votre secret. Mais sachez que déjà votre regard a allumé dans mon coeur un feu qui risque de bruler la ville entière. Vous écrire madame, je ne rêve que de cela, mais encore faut-il que j'aie votre adresse.
(je ne savais pas qu'il y avait d'aussi douce plume à Seattle, avez-vous un blog?)
L' ours à plume de velours...
Qu'il est doux et bon de lire le chant des mots.
Et sachez monsieur que nous garderons le secret de ces couriers.
Je soupire parfois trop, à me demander ce que j'attends du haut de cette grève...