Imitation du dimanche 2
dimanche 27 août 2006, 23:00 General Lien permanent
Ma tentative de lettre style XIX, a connu un certain succès, je tente de nouveau. Je sais c’est la meilleur façon de décevoir. Mais bon, j’ai essayé dans le style de Corneille et évidemment je suis encore plus endormant que le vieux barbon. Je recommence donc dans le style XIX, mais un peu plus tard dans le siècle. Alors, soyez indulgents.
Madame,
Ne le niez pas, ce que m’a révélé ce si clair couchant dimanche dernier, votre teint si doux, cette connivence avec l’humidité de la mer qui vous la fait craindre et aimer, cette aisance à voir l’infini et a y deviner l’essentiel, vous habitez un pays de brume. Et s’il existe là des tempêtes, je n’ai vu en vous que la lumière un peu trouble qu’il reste sur la mer quand la furie s’est clamée.
Vous le savez peut-être, je suis d’un pays au soleil froid et tellement implacable sur la neige qu’il aveugle et rend fou, si on ne s’en protège. Votre seule vue est repos pour mes yeux. Et pourtant, il y a un tel trouble dans mon cœur que je pense vos brumes plus dangereuses encore que tous les jours que j’ai traversés. Non ce qui me trouble ne peut être un quelconque danger. Je suis le danger de ne pas être assez ou peut-être trop, mais enfin de ne pas, comprenez-moi madame, je voudrais tellement être…
Je sais, j’ose, cette missive est tellement prétentieuse, mais comment vous dire madame que ce simple instant que nous avons vécu, où le temps a suspendu son vol, où j’ai vu, une telle image ne peut mentir. Même la mer avait fait silence, les oiseaux fixés dans le ciel se sont tus. Les danseurs de la fête, immobiles dans la quête du prochain rire, il n’y avait dans tout le monde que vous et l’infini.
Je suis un homme simple, d’une banalité ennuyeuse. J’ai consacré ma vie à la recherche de cette simplicité, de cette simple raison qui fait maintenant l’homme qu’on dit respectable. Et pourtant, ce simple instant, ce seul moment volé au temps, brise toute raison et me pousse à vous écrire Madame.
Il y a là une évidence, que toutes les brumes de toutes les mers ne peuvent cacher. Je prends ce moment pour un signe. Ne rejetez pas cet aveu qui peut sembler fou. Parce que si parfois le soleil de l’évidence brûle la raison, parfois aussi il donne une raison de vivre.
Commentaires
"Le désir s'accroit quand l'effet se recule"
Polyeucte
Ca me fait penser à "Adolphe" de Benjamin Constant...
Contente d'être revenue de WE et de te lire à nouveau...
Laflote--) donc je ne suis pas trop planté, même si je me pense plus vers 1860-80 que 1810-30... Mais je n'ai jamais lu Constant il faudra que je m'y mette.
Anita--) je tente de l'exprimer
Monsieur,
Vous avouerais-je, qu’à vous lire aujourd’hui, je me sens bien étrange. Vous évoquez ces mystérieuses brumes, mes confidentes chéries, celles qui toujours, sur moi, se posent tendrement et délicatement m’enlacent ….. Vous évoquez aussi à la fois mon amour et ma crainte de ces eaux tourmentées et soudain cette lanscinante lumière qui danse au loin là-bas, quand le calme revient, cette lumière trouble, qui semblerait doucement esquisser une image de moi.
Vous avouerais-je, que vos propos me troublent. Je connais les froidures et les noirceurs de vos brumes de gel, mais je sais aussi la douceur et l’éclat de vos nuits de cristal. Oserais-je évoquer sans que soudain mon cœur se serre, les papillons du ciel qui voltigent et voltigent et recouvrent de blanc vos lacs endormis ?
Vous avouerais-je, que je ne vous trouve en aucun cas ennuyeux et banal; honnête, un brin rêveur et sans doute respectable puisque vous le dites. Je sais aussi que parfois nos raisons de vivre en rêves se confondent et que brutaux sont parfois les réveils. Mais que sans les battements de nos rêves, où vont nos pas, où vont nos cœurs ? Je ne suis qu’une image mirage, qui danse et qui s’estompe lentement au fil du temps.
Je vous laisse, Monsieur à vos rêves de brume et m’en retourne silencieusement à mes pages de pluie.
Adieu Monsieur. Ecrivez-moi.
Franchement, je trouve que tu t'en sors bien ! Je ne sais pas si je m'en tirerais si bien !
J'avais entendu dire que les dames de ce siècle s'évanouissaient souvent à cause de leurs corsets trop serrés.. baliverne ! je suis sûre que c'était sous l'émotion de telles lettres que leurs coeurs chaviraient... il y a de quoi en tout cas.
En tous cas, moi je suis rudement contente d'avoir viré l'autruche pour devenir une Madame!
Bellzouzou--) est-ce à cette époque que la plume d'autruche était à la mode? en tout cas ta plume est toujours bienvenue ici...
Nziem--) j'ai tenté d'écrire dans le style de Corneille, difficile, mais je vais tenter dans le style des précieuses à la même époque, il y a surement une experte pour me donner la réplique.
Anne--) moi j'en suis sur
Makpela--) Ce cadre par trop étriqué, ne convient pas à contenir mon coeur. Il le déforme, et me ferais mentir... trouvons madame, trouvons un messager qui nous permettra de trouver une embellie qui conviendrait à vos yeux.
Pardonnez-moi de m'immiscer ainsi sur votre blog.
J'ai trouvé vos lettres très belles, romantiques, et recréant bien les missives d'un temps passé.
Je me suis prise au jeu et y ai répondu tout simplement en essayant de faire aussi bien que vous. J'espère ne pas vous avoir embarrassé.
Je trouvais amusant le "Adieu. Ecrivez-moi.", qui me semble-t-il recréait assez bien les états d'âme de ces belles dames des temps passés, qui s'abandonnaient avec volupté dans les bras de leurs amants, les rejetaient soudainement pour mieux les reconquérir.
Voilà.
Bien à vous.