2- La disparition des Béothuks
vendredi 24 août 2007, 01:36 General Lien permanent
Voici la suite. Je crains toujours quand je mets ce genre de texte en ligne, d'ennuyer les gens. C'est une histoire tellement triste. Alors n'hésitez pas à laisser des commentaires pour que j'écrive les histoires que vous voulez entendre. Petite note puisque j'accuse ici, les enfants ne sont pas responsables des crimes de leurs parents. Mais c'est utile qu'ils en prennent conscience, ça pourrait leur éviter de recommencer.
Les Béothuks ont survécu à l' Arctique, à l'arrivée sur leur territoire des redoutables Inuit, aux pêcheurs de toute l'Europe et à leurs maladies. Mais la pression est énorme. Mais voilà pire que la peste, les Anglais s'installent.
En 1765, Sir Hugh Palliser, est au marché de la Baie des Chateaux, sur la cote du Labrador, le second en importance dans le Golfe après le marché de Tadoussac. Il raconte qu'en plus des très nombreux Innus, il y a 500 Inuit et plus de 1000 Béothuks. C'est beaucoup. Certains ethnologues pensent qu'il n'y a jamais eu plus de 800 Béothuks. S'il y en avait 1000 au marché, il y en avait encore 2000 sur l'Ile et ça se serait vraiment un très grand nombre. Mais ça démontre que toutes les tentatives pour évaluer les populations alghonkiennes sont sujet à beaucoup beaucoup de prudence.
Palliser était là bien sûr pour distribuer des couvertures qui avaient servi dans les hôpitaux anglais. Ce n'est qu'un autre épisode dans la guerre de soumission et d'extermination qu'ils ont mené partout en Amérique, en Afrique et en Asie. Ils sont la civilisation, et poursuivront leur mission civilisatrice avec l'acharnement des croisés.
Sur l'Ile de Terre-Neuve, la pression est extrême. Le lieutenant de marine Cartwright a mandat de débarrasser l'Ile de tout ce qui pourrait nuire à la colonisation. Les Béothuk tenteront un peu de se défendre, mais contre les fusils et l'organisation militaire anglaise ce peuple très pacifique n'est vraiment pas capable de résister.
Un grand nombre sans doute traverseront la mer pour se joindre aux Innus quelques autres profiteront des grands rabaskas des Mi'kmak pour descendre au Sud. Combien? Impossible de le savoir, ces gens sont des experts de la forêt. Ils ont toujours vécu en petits groupes totalement autarciques, ils vivent avec la forêt. Le fondement de leur morale est la fuite, le refus de la violence, et depuis qu'ils pratiquent cet art. Ils en sont devenus les champions, alors comment savoir les dénombrer.
Cependant en 1765 ça fait déjà 150 ans qu'il y a des anglais sur l'Ile ( le groupe de John Guy en 1612). 150 ans qu'on répète la devise connue: un bon sauvage est un sauvage mort. Ont-ils réussi à préserver leurs coutumes si particulières? J'en doute, la pression était trop forte. Ils sont plutôt devenus des presqu'Innus des presque Listigouche, des presque Souriquois... répétant quand ils sont seuls les chants antiques, les danses bizarres.
Carthwright a bien fait son travail en 1768, il resterait moins de 400 Béothuks sur l'Ile. En 1819, Démasduit, la dernière mère de clan a vu ses deux derniers protecteurs tués par John Peyton, et son bébé écartelé vivant par les mains de l'anglais. Après cela, pourquoi survivre?
Peyton capturera un peu plus tard une jeune femme qu'il réduira en esclavage et tua douze membre de son clan. Sha-nan-dithit avait 20ans, elle ne voulait pas quitter l'ile et c'est sans doute, malheureusement pour elle, sa grande beauté qui l'a sauvé. Elle a laissé une série de dessins très particulier, mais mourut de tuberculose à 29 ans le 6 juin 1929. La dernière a pouvoir dire : je suis Béothuk.
Commentaires
c'est bien triste. Comment faire comprendre à ces humains qui détruisent inconsciemment ou sciamment notre planète? Savais-tu que, si on transcrivait sur une horloge la création de notre planète, on pourrait dire qu'il a fallu à notre terre 11h 59 minutes et 15 secondes pour préparer l'arrivée de l'être humain et que ce dernier n'existe que depuis 45 secondes ? ca devrait remettre leur humilité et leur égo en place non ?!
J'aime les histoires quand elles sont porteuses d'un message d'espoir, quand elles chantent l'harmonie qui ne peut qu'être si les générations futures savent écouter.
bon sang, je suis de retour ^_^
le pire c'est qu'on n'a rien appris, parce qu'on ne laisse toujours pas vivre tranquilles les tribus qui restent dans certains coins de la planète. On ne les extermine plus de la mème manière, mais on les étouffe dans la société blanche
Presque Listigouche et presque Souriquois, c'est très poétique comme petits noms.
Pacifique ou pas, Sara a raison, c'est compliqué pour une tribu de survivre en conservant un peu de sa culture. Les vieux sages, qui ont toujours été riches, pas de propriété mais de la jouissance de la terre et de l'espace en Afrique, sont maintenant parqués dans les bidonvilles et doivent fouiller le poubelles de ceux, plus chanceux, qui ont été promus à la tête du système blanc, facsimilé de démocratie. C'est triste de les voir avec une casquette coca-cola sur la tête, et en même temps, c'est leur seul moyen de survie, s'approprier la culture des plus forts et s'y intégrer. Ils en tirent une certaine fierté, parce qu'on leur a appris que c'est COMME CA qu'il faut vivre. Que leur médecine, que leurs coutumes, que leur droit, tout ça ça vaut pas un clou. Que la civilisation apporte l'abondance et le confort. En attendant, entre vivre dans une maison de boue au pied du kilimanjaro et dans une maison en carton sur un parterre de déchets des faubourgs d'Arusha... En attendant, malgré l'utilisation de la médecine blanche, malgré l'alimentation plus variée, l'espérance de vie fond comme peau de chagrin avec les maladies de la promiscuité et le sida. Mais c'est COMME CA qu'il faut vivre.
Drenka--) oui, la seule façon de vivre c'est comme dans les téléséries USA, mais comme personne ne vit comme ça, ils sont tous avec un grand vide intérieur qu'on tente de combler en achetant des trucs, ou en rêvant d'en acheter. Tu as bien raison.
Sara--) oui on les étouffe dans le non-sens.
Thalie--) Content de ton retour ( mais inscrit ton adresse courriel svp)
Un bébé écartelé vivant, quelle horreur !
Toute cette histoire est une horreur. (Dans les faits, je veux dire. Pas tes mots ou ta façon de la narrer, bien sur !). Tous ces peuples exterminés... La conquete, le pouvoir, toujours. Quelle connerie !
C'est à la fois triste et rageant.
vraiment merci, Moukmouk, j'ai appris beaucoup ce soir.
Je n'oublierai pas les Béothuks et ce qu'ils ont subi.
J'aime quand tu racontes de tels textes et tu ne m'ennuies pas du tout, au contraire. Je veux dire, j'aime pas particulièrement les histoires d'enfant écatelé ou de meurtres programés, mais le point, c'est que ce ne sont justement pas des histoires, il s'agit de la réalité et tant que des gens se souviendront et raconteront comment ont vécus et comment sont morts ces gens, ils resteront présents au monde. Et il est important de ne pas oublier....après, on peut parler des anglais, des allemands, des serbes, de tellement de gens. Je pense que cela fait malheureusmeen tpartie d ela nature humaine que de craindre la différence et de laisser exprimer les pires instincts dès lors que l'on se trouve dans un contexte le favorisant (et des tas d'études de psychologie le démontrent). Mais si l'on en parle, si on explique ces mécanismes, si on se positionne face à de tels événements, alors peut-être pourra-t-on lutter contre de tels actes dans le futur, ajouter un peu de "civilisation" et d'humanité à des êtres humains qui en manquent bien souvent...
Grâce à toi, les Béothuks sont un peu dans nos coeurs et nos mémoires.
Merci pour nous et pour eux.
J'ai trouvé ça : www.heritage.nf.ca/patrim...
Ca : fr.wikipedia.org/wiki/B%C...
www.thecanadianencycloped...
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