Propos d'ours
vendredi 5 octobre 2007, 23:07 General Lien permanent
Je n'ai plus l'habitude de travailler en entendant des sons humains autour de moi. Faut dire que je ne les ai jamais trop cherché. Le son humain que je connais le mieux, c'est après la lourde odeur de la peur, un immense Bang!, alors maintenant, quand je sens l'odeur de l'humain je préfère aller voir ailleurs.
Je préfére me fier à mon nez, je ne vois bien que sous l'eau, et encore, et j'entends encore mieux avec mes pattes qu'avec mes oreilles. La glace résonne de tout ce qui se passe, les 4 pattes bien ancrées, on entend tout sur des kilomètres à la ronde. Il y a bien sur la lente respiration de la mer, c'est une onde sur plusieurs minutes, régulière, puissante et paisible. Et puis il y a les grands craquements, la banquise ne dort jamais vraiment, des forces énormes s'opposent, le vent qui pousse sur des milliers de kilomètres et une ile quelque part qui bloque la rotation des glaces autour du pôle.
Et puis, il y a un béluga se casse un trou pour respirer, un phoque en profite quelques minutes après pour monter sur la glace... voilà mon repas qui se prépare, je n'ai plus qu'à y aller. Plus près de la rive, il y a aussi des lemmings qui font leurs tunnels dans la neige, n'essayer pas de les entendre avec les oreilles mais avec les pattes c'est très facile. Il y a aussi un cométique qui glisse, non il s'arrête, les chiens jappent, ça s'est pour mes oreilles. J'ai l'impression qu'un humain désire mon repas.
J'entends le vent, je le sens surtout. Cet humain est trop excité pour réussir sa chasse, trop pressé, il va faire fuir le phoque. Il ne faut pas aller vers le phoque parce qu'il sent aussi bien que moi le mouvement que le prédateur fait sur la glace, mieux peut-être parce qu'il n'a pas quatres pattes pour entendre mais tout son corps sur la glace. Alors on se place près du trou de respiration, et on attend, quand on entend son mouvement sous la glace, alors on se concentre, on contracte tout les muscles et on attend. Puis il y aura le petit bruit de l'eau lorsqu'il sort la tête. Un bond, un seul, et on plante les griffes dans la peau du phoque, et on le tire sur la glace. Voilà le repas est servi.
Il y a une lame de neige qui me sépare du chasseur. Je ne veux pas entendre son bruit, je préfère le sentir. Il est clair qu'il ne sait pas attendre. Je pourrais le contourner et attaquer par derrière, mais non les chiens l'avertiraient. Il est mieux que j'attende qu'il s'en aille. Ce ne sera pas long, il sent déjà la fébrilité.
J'ai le temps de dormir un peu quand même, la glace me le fera entendre quand il partira, alors j,irai chercher le phoque.
Un autre participation au sablier de Samandti...
Commentaires
Bon appétit Mouk, n'oublie pas de mettre les restes au frigo (s'il y en a !). Et prend bien garde à toi, ça serait moche que tu finisses en carpette
Oh que j'aime ce texte... c'est superbe. Bonne chasse Moul
Marie-Aude--) merci, chouette une nouvelle lectrice...
Kinka--) serais-tu du genre à vouloir vendre des frigos aux Inuit? Compte sur moi, il n'y a pas de reste, après tout un phoque ça ne pèse que 80 kilos...
J'attendais le billet de l'ours et ne suis pas déçue .
Je viens de faire un commentaire chez Valérie de Haute Savoie à propos de l'accroche, et puis là, à la relire encore une fois, je me dis exactement le contraire de ce que j'y ai écrit...
(Salut Moukmouk, je te fais une bise en passant - vite fait)
Presque trop facile pour un ours
Très beau ( comme d'habitude, avec toujours des surprises).
Coucou d'une ville "noir de fumée", où je respire notamment grâce à ces échappées que tu partages avec nous