L'erreur
jeudi 4 octobre 2007, 22:58 General Lien permanent
Ce matin, entre Adler et Duhamel, l’immuable créneau de ma douche d’avant départ au boulot, agitant mes mains ensavonnées je fais tomber mon alliance. Je la remets aussitôt mais avec beaucoup de difficultés qui me seront l’occasion de plusieurs vagues d’interrogation lors des minutes et heures suivantes, du séchage aux rebutantes tâches journalières et néanmoins professionnelles. Comment ai-je pu tomber dans un piège pareil...
Une alliance, comment ai-je pu accepter de marier cette femme que pourtant j'aimais. Il serait trop facile d'une fois de plus mettre le tout sur son dos, dire qu'elle m'a fait du chantage, qu'elle voulait. Mais ce serait une fois de plus reporter la responsabilité sur « les autres », sur « je suis obligé de » sur les normes sociales. Je suis petit cadre dans une grande entreprise, j'applique avec rigueur des ordres insensés qui me sont imposés. Je suis payé pour imposer le non sens de l'efficacité bureaucratique, à des gens qui autrement travailleraient mieux parce qu'il trouveraient un sens à ce qu'ils font, qu'ils y trouveraient même du plaisir... Mais non, il faut qu'ils aient peurs, alors je suis chargé de faire peur. Bien sûr, ils n'ont pas peur de moi, je suis trop ridicule pour inspirer la peur, ils ont peur de la norme que j'applique aveuglément, parce que c'est l'aveuglement de la rêgle qui fait peur. Je pourrais encore me mentir et dire que je garde cet emploi, pour elle, pour l'appartement qu'il faut payer, pour notre fille, mais non, je retourne travailler simplement parce que je ne peux pas supporter son regard, elle ne m'aime plus elle a pitié de moi. Pas étonnant, je me ferais pitié si je ne me dégoutait pas tant de tout cet avilissement, de tout ces compromis, de tout ce respect de l'ordre et de la loi à qui j'ai sacrifié non seulement mon amour, mais une simple raison de vivre. Il me faut partir, le petit baiser du matin sur la joue, le à ce soir que j'espère encore être un mensonge. Je veux être celui qui va acheter des cigarettes et qui revient vingt ans plus tard. Je veux être celui qui part au boulot et qui ne revient pas. Être pour une fois, un homme, ne pas me plier à la règle...c'est ce que je pourrais faire de mieux pour elle, la libérer de ce que je suis devenu, du non sens que je suis devenu, la laisser refaire une vrai vie de vraie liberté... A défaut d'être disparaître... c'est ce que je pourrais faire de mieux pour elle, oserais-je?
Ma participation à la quatrième journée du sablier d'automne de Samantdi.
Commentaires
Ca sent pas mal le manque de Bonheur tes mots, j'espère que ce n'est qu'un exercice de style, sinon ça me rendrait un peu tristoune!
Je trouve que ton personnage est plus complexe qu'il n'y paraît... Il l'aime donc il n'aurait pas dû l'épouser, il l'aime donc il la quitte. Elle est le prétexte qu'il a trouvé pour changer de vie.
L'erreur, c'est cette capcha, 3 reprises pour être publiée ! Quelle horreur ce truc !
sus au capcha !
J'aime beaucoup ton texte. il me fait penser à certains nouvelles de Fante. Un petit côté désespéré qu'on retrouve dans la littérature nordaméricaine. Juste, j'aurais enlever la question finale. Elle n'apporte rien et elle affaibli la chute...
Léchouilles
Akynou--) merci beaucoup, J'ai essayé de décrire le cauchemar climatisé, le mensonge de la vie en Amérique... j'enlèverai la question demain, après le prochain billet
Samandti--) tu penses? moi, je pense plutôt qu'il constate que l'acceptation des règles de cette société qui a détruit et son amour et sa vie.
Candy--) ça n'a rien à voir avec moi, mais tout à voir avec ce que je vois autour de moi... je pense que je le dis dans presque chaque texte, la vie selon la norme en Amérique n'est pas soutenable, ni moralement, ni écologiquement, ni psychologiquement, la seule solution est dans l'opposition
Oxygène--) au secours, je n,en peut plus de ce capcha!
C'est une triste histoire, qui malheureusement se répète énormément autour de moi... heureusement pas chez moi! Ouf!
Moi aussi j'aime beaucoup ce texte. Même si ça me fait mal de l'aimer, va comprendre...
Anne--) C'est vrai que FdeC me semble assez bien correspondre au modèle...
Sara--) Quand on est conscient du piège, il est possible de lutter dans sa vie, ça ne change pas la réalité sociale, mais on peut s'éviter le pire.
Bon alors " et si on disait que" le ELLE est le captcha, et que tu vas avoir le courage d'en divorcer pour le bonheur de tous, hmm, qu'en dis-tu ?
DDC--) il y a déjà des grandes manoeuvres de commencer. Le seul problème c'est que je ne sais si comment, ni comment le remplacer. Il me faut de l'aide.
oui, vire-le une bonne fois pour toute, qu'on puisse s'exprimer en paix ici
Il faut quitter quand on aime ?
Aime-t-on assez pour quitter ?
Quitte-t-on parce qu'on aime ?
Effectivement un personnage complexe, intéressant, contradictoire :
prétexte, dégoût de soi ou peur de ne plus être à la hauteur de l'amour demandé ?
Dom--) j'ai plutôt voulu dire que le mode de vie Nord-Américain est incompatible avec l'amour... surtout si on accepte la soumission à la norme sociale.
Je vois, ce qui se trame d'ailleurs ici maintenant : comment aimer ou penser être aimé lorsque l'image de soi est démolie par un système aliénant et rabaissant ?
Dom--) oui, le modèle social, le cadre ne le permet pas, l'amour devient un acte de révolte, il devient un geste politique d'opposition.
Mais où est passé mon message posté hier soir ? J'étais sûre et certaine qu'il était bien arrivé sur ton blog ...
Owygène--) je n'ai pas supprimé de commentaire...j,ai reçu un courriel c'est de ça que tu parles?
Non,non, non, j'avais posté un commentaire mais en ce moment, ils ont tous du mal à parvenir sue les blogs. Ca m'énerve ! Tu te rends compte, en plein jeu du sablier ... GRRR!