La femme-oie

Retour aujourd'hui chez le dentiste pour qu'il finisse le travail. Théoriquement ça fait moins mal, mais je ne prends pas de risque, j'ai fait le billet avant. La transformation des humains en animaux (ou le contraire) est très courante dans les récits Inuits. Ils font parti des passeurs, ces êtres particuliers qui permettent le passage entre les deux mondes.

Les plus courants sont les enfants qui naissent filles on garçons, mais qui sont la réincarnation d'une personne de l'autre sexe. Il faut les élever comme des enfants de l'autre sexe, et souvent ils deviennent les conteurs et les Angakkuq de la communauté, et auront une grande importance dans l'éducation des autres enfants et dans l'organisation de la mémoire collective.

Des contes d'une femme qui se transforme en oie, il y en a dans toutes les civilisations. Ce serait un sujet d'étude fantastique pour un universitaire, permettant de comparer les civilisations à partir des variantes locales de ce conte.

Voici un court extrait de la version de Puivurnituk:

L'homme n'était pas vraiment mauvais, mais il avait été très malheureux à la chasse et ne réussissait pas à nourrir les gens de son groupe. La femme lui répétait qu'il faut faire quelque chose, que la réserve était vide, et que bientôt des gens du groupe ne pourraient plus survivre.

Il revint épuisé d'une très longue journée de chasse avec deux petites perdrix pour nourrir 12 personnes. Il était très triste et frustré de n'avoir trouvé mieux. La femme se plaignit encore... et il frappa. Un grand silence se fit dans la communauté et l'homme alla s'assoir sur une grosse pierre sur le rivage.

Le lendemain, un vent du sud portant haut dans le ciel de grands vols d'oies, fit naître un goût de printemps. La femme dehors supplia les oies de descendre et de venir nourrir son groupe. Une seule descendit et parla à la femme: nous allons aux nids, nous sommes trop maigres pour nourrir ton groupe. Mais si tu veux venir avec nous, tu seras libéré de sa colère.

L'homme vit s'envoler deux oies, et comprit. Il pensa tirer de son arc, mais cela ne ferait que tuer, sa faute ne serait pas réparée. La violence dans le groupe ne produit que de la douleur pour tout le monde.

Il faut répéter très souvent cette histoire, pour rappeler à tous que la violence ne résout pas les problèmes du groupe.