Chez Dodinette

Hier soir, j'ai été invité par les Dodinous pour un repas et longue jasette. Ça valait la peine.

Les Dodinous forment une petite famille bien québécoise même s'ils ont décidé depuis peu de s'installer à Montréal. Se plaindre de la température (cette année c'est tout à fait justifié) adorer le Marché Jean Talon, dire que le maire de Montréal est une marionnette et aimer les fromages d'ici, il ne manquait que les commentaires sur les garderies pour enfants, mais je suis sur d'en entendre parler sous peu.

Un appartement au rez-de-chaussée sur le Plateau, ça c'est le rêve de bien des Montréalais. L'organisation de l'espace est traditionnelle ici, comme la passion du décapage, une épidémie qui est apparue à la fin des années 70, et qui ne semble pas vouloir s'atténuer depuis. Je me demande d'ailleurs si elle s'arrêtera avant qu'on ait arraché la peinture du dernier bout de bois. Il faudra alors des zélés comme moi pour gaspiller de la peinture afin que l'accoutumance aux solvants ne fasse pas des ravages, c'est une drogue dangereuse...

J'ai tout de suite été séduit par les deux marmots. Il n'y a pas de doute les enfants manquent dans ma vie. Je crois avoir tout ce qu'il faut pour faire un grand-père, alors je me demande si je n'irai pas les emprunter pour quelques heures une fois de temps en temps. C'est vrai que si avec le grand, le courant est tout de suite passé et que nous sommes copains, avec la demoiselle ce n'est pas encore tout à fait gagné. Elle ne fait pas ami-amie avec n'importe qui et faudra faire davantage de preuve avant de vraiment pouvoir jouer à la chatouille, ou lui manger la bedaine.

Enfin, on passe à table. Un ours ne se nourrit pas que de discours, et encore moins de l'air du temps. Des grosses crevettes, c'est toujours bon et le magret de canard, ça me rappelle le phoque alors c'est parfait. Et là commence la longue placote où on passera de la ville comme lieu de reprise du pouvoir démocratique, à la cosmologie, en passant par mes marottes habituelles, les langages des animaux, et la construction du « je » par la modernité. Et sûrement de bien d'autres choses aussi, ce n'était ni la place ni le moment pour les taiseux.

Bref, une bien belle soirée. Quand recommence-t-on?