Mon pire ennemi
mercredi 9 avril 2008, 22:54 General Lien permanent
Tu es ton pire ennemi. Il faut la force de se vaincre. Dépasse ton état animal, transcende tes pulsions sauvages pour devenir l'homme nouveau, celui qui dominera le monde pour apporter le bien-être à tous. C'est par où qu'on déserte?
Dans la guerre sainte contre moi-même, j'ai décidé de déserter. Je ne sais pas comment me vaincre, alors j'essayerai de m'apprivoiser. Etre meilleur? Il faudrait que je sois le mal et que je sache ou est le bien. Mais à voir tout le mal que la recherche du bien produit, je n'ai pas tellement envie de m'administrer cette médecine. L'appliquer aux autres? il n'est en pas question, si je ne suis pas certain qu'elle est bonne pour moi, comment pourrais-je penser qu'elle pourrait être bonne pour un autre?
La clé de cette question se trouve justement dans la question du « je ». Pour Socrate, son bonheur est le bonheur de la Cité, son idée du « Bien » est le bien d'Athènes. C'est pourquoi quand Athènes lui impose de boire la cigüe parce qu'il perturbe le bien de la Cité, il n'a d'autre choix que de mourir. Mais depuis Descartes: « je pense donc je suis » et cette rupture radicale entre les autres et moi, fait que je peux seul décider de ce qui est Bien.
Et puisque le monde ne me satisfait pas, le Bien devient donc une transformation du Monde, et donc ma propre transformation. Cette très belle idée a malheureusement un vice. Le Monde dans cette perspective n'est jamais satisfaisant. Cela produira la Charte des droits de L'homme ( et moins de la femme). La révolution industrielle, et puis le repli sur soi du romantisme qui débouchera sur l'homme nouveau du Fascisme. Cela produira Liberté, Égalité, Fraternité, les grands mouvements sociaux, le socialisme et puis l'Homme nouveau Stalinien.
Ce n'est pas une question de mesure, de savoir où s'arrêter. C'est une question de méthode. C'est une façon de penser le Monde qui conduit à ce piètre résultat. Il faut redécouvrir ce « nous » qui porte le Monde. Un « nous » qui ne sera ni national, ni génétique, ni raciale, ni... un nous qui devra être fondé sur la simple réalité d'être ensemble et d'empêcher ensemble, tels que nous sommes, de voir le Monde s'autodétruire. Pour cela le chemin n'est pas du coté du plus de biens, de qualités, de propriétés, mais du coté du moins de transformation, du moins de pollutions, du moins de déchets, du moins de destructions. Apprendre à être heureux avec ce que nous sommes, plutôt que de vouloir transformer soi mais surtout l'autre.
C'est parce qu'on a considéré le Monde comme un bien propre que l'ennemi devient sale. Et comme je ne veux pas être un Malpropre, je dois choisir le bien commun (et refuser la propriété).
Commentaires
Je n'ose qu'à peine prendre la parole que pour te dire combien ton texte m'enjoint à réfléchir...
A lire d'urgence sur ce sujet Le malpropre de Michel Serres : "Poursuivant une méditation, commencée avec le Contrat Naturel, sur les risques d'aujourd'hui, ce livre dit que les pollueurs salissent le monde pour se l'approprier. Rien de changé depuis les chiens et les tigres ! Comment pollue-t-on ? Nous commençons à le comprendre. Mais pourquoi polluer ? Ce livre répond à la question. Attachées seulement aux questions de chimie et de médecine, les études actuelles sur l'environnement négligent ces projets, simplement humains, d'appropriation. Nous pouvons changer nos intentions."
Ce n'est pas facile, facile à lire mais c'est très instructif !
Ah, mais il faudrait que plein de gens lisent ce texte!
C'est vrai que tout le monde (y compris moi) est centré sur son petit monde, on devrait tous changer de comportement. J'essaye mais ce n'est pas évident pour certaines choses.
Sara--) Il est où le début et la fin de son petit monde? C'est difficile de penser global parce qu'on est pris dans notre culture, dans notre "petit monde" mais continuons on va trouver.
Saveur--) J'ai du entendre la proposition de Michel Serre quelque part ou par quelqu'un d'autre, le jeu de mot est trop proche. Mais non conclusion ne sont pas les mêmes. Ceux de la forêt ( entre autres) refusaient de salir pour posséder, ce n'est pas l'Homme qui salit tout, c'est une culture en particulier, ou plus particulièrement "L'homme moderne" de Descartes.
Continuons a chercher. Merci pour ce texte profond.
quel beau texte... ça mérite réflexion. Une réflexion de plusieurs années.. voire de toute une vie ?
nathilin > ce qui me fais peur c'est que l'homme a mis des millions d'année pour en arriver à se dire que quelque chose doit changer. Alors combien de temps cela prendra t'il avant que la solution soit trouvée?
Grace à toi Moukmouk et à quelques autres aussi on gagnera peut être un peu de temps ....
"refuser la propriété"...mouais...je te dirais que c'est toujours agréable et rassurant de savoir que la petite culotte que tu portes est bien à toi
huhuhu
comment ça t'es pas d'accord ?
zizule--) ne m'as-tu pas dit que ton plus grand rêve c'est de vivre toute nue au soleil?
Bey--) Sauf que non, ça n'a pas pris des millions d'années, ce n'est pas une question de "nature" je prétends que la course folle à la croissance vient du ""je" pense comme je suis".