Rien de particulier
vendredi 19 septembre 2008, 01:43 Conte Lien permanent
D'habitude on ne le dit pas avant la fin, mais pour ce truc un peu spécial, je préfère le dire en entrée de jeu. Oui je vais très bien, et oui c'est ma participation au dyptique d'Akynou.
Rien de particulier. Tout est ordinaire. Je suis livreur. Je porte des colis d'une entreprise à l'autre, des trucs urgent. Mais l'urgent c'est l'ordinaire. Je travaille pour « les livraisons l'oiseau » parce que nous livrons aussi vite que si c'était porté pas un oiseau. J'aimerais bien le voir l'oiseau avec un paquet de 15 kilos à livrer à toute vitesse, il volerait aussi bas que moi et se ferait prendre par les bouchons de circulation lui aussi. Ça, c'est l'ordinaire.
Ma vie aussi est ordinaire, des études très ordinaires, un salaire ordinaire, un petit meublé ordinaire. Et quand j'ai des congés, je vais dans un parc. Parce que d'ordinaire, je n'ai pas de sous pour faire des voyage à la campagne. Ma famille était tellement ordinaire que je ne la vois plus. On s'ennuyait trop d'ordinaire, alors on s'engueulait pour faire passer le temps. Et d'ordinaire, je n'aime pas ça les engueulades. Alors je rentre chez moi et je me couche tôt, parce que d'ordinaire, je suis crevé après ma journée de travail.
J'ai eu un amour extraordinaire, une femme si belle, si douce, avec un sourire.... mais moi j'étais trop ordinaire. Alors je vais au parc, et je donne du pain aux oiseaux. D'ordinaire, ils ne crachent pas sur le pain, alors ça fait un lien.
J'ai eu une idée extraordinaire, je travaille comme un oiseau, je nourris les oiseaux et si je devenais un oiseau, il y aurait bien une personne ordinaire qui voudrait me donner du pain. Alors je suis monté sur un toit, j'ai ouvert les bras et je me suis transformé en oiseau. J'ai réussi, j'ai volé longtemps, longtemps et je viens de me poser là. Je suis très fier de moi. Je ne bougerai plus. Je vais rester là à dormir, longtemps, longtemps, jusqu'à ce qu'on vienne me chercher.
Commentaires
C'est pas gai. Ça me rappelle le poème de PRévert : "Le Désespoir est assis sur un banc… »
C'est pour cela que j'ai mis l'avertissement au début, JE VAIS TRÈS BIEN... sauf que l'image me renvoie une très grande tristesse.
Une grande tristesse et une grande solitude. Comme quoi la seule compagnie des oiseaux, quelquefois ça ne suffit pas pour être heureux.
ouf avant de regarder les commentaires ton préambule n'apparaissait pas et je me suis laisser prendre au jeu . Sauf que ça collait pas avec tout le reste mais tu es trop fort!
Mon Dieu, c'est vrai que c'est beau, mais que c'est triste.... en lisant des textes comme ça de toi, je suis fascinée par cette capacité que tu as de faire vibrer le lecteur, de lui faire ressentir les émotions que tu souhaites, de le faire rire ou pleurer à volonté... wouaw.