Des nouvelles des Bélugas

En fin de semaine, il y a eu un gros congrès scientifique sur l'état du fleuve Saint-Laurent. On a surtout parlé de pollution, mais quelques bonnes présentations sur les bélugas ont attiré mon attention.

Le béluga est une espèce arctique. La population de bélugas du Saint-Laurent est le groupe le plus au sud sur la Terre. Ils sont là depuis la dernière glaciation ( c'est seulement 12 000 ans dans ce coin-là) et sont restés là parce que c'est une des zones les plus productives du monde en terme de plancton.

Les analyses nous font penser qu'à la fin du XIX siècle, ce groupe aurait compté autour de 8000 individus. Les pêcheurs voyant en eux un concurrent, ont massacré un grand nombre et la pollution a fait le reste, si bien que dans les années 70, il restait autour de 900 bélugas. Depuis, des efforts considérables ont été faits pour faciliter la survie de ce groupe, et par le fait même des humains qui bordent le Saint-Laurent ( les mêmes causes produisant les mêmes effets). Nous en sommes maintenant autour de 1100 individus.

Les plans espéraient une croissance plus rapide du troupeau, quelque chose freine... et pour la première fois, j'ai entendu de la part de scientifiques, ce que je dis depuis plus de 10 ans. Les bélugas ont faim, il n'y a plus assez de nourriture pour que le troupeau augmente rapidement. Oui, il y a beaucoup plus de plancton et plus de méduses qu'avant, ce que mangent les grandes baleines, mais il y a moins de petits poissons, ce que mangent les bélugas.

Nous sommes au coeur de ma thèse, pour toutes les espèces animales ( espèce humaine comprise) c'est d'abord la disponibilité de nourriture qui détermine la taille d'une population. Dans le cas qui nous occupe, les bélugas ont un concurrent nouveau et terrible, les phoques. La disparition de la banquise rendant la prédation par les ours blancs inéfficace, la population de phoques a explosé, et le territoire de chasse c'est beaucoup agrandi. Des phoques à Tadoussac c'était rare en 1970, maintenant il manque de roches pour qu'ils se fassent bronzer. Je propose donc qu'on importe une dizaine d'ours blancs dans ce coin-là pour faire du ménage. (C'est une blague, les experts de l'intervention ont déjà assez fait de dégâts comme ça).

Non ce qu'il faut arrêter, c'est de mettre des super-merdes dans l'environnement. Nos bélugas sont de plus en plus pollués et attrapent des cancers (comme les humains) à cause des PBDE Polybrominated diphenyl ethers, c'est le machin qu'on met sur les tissus pour retarder le développement du feu dans votre robe. Il y a au moins 50 fois plus de chance que vous mouriez d'un cancer à cause des PBDE que de mourir parce que vos vêtements ont pris en feu. Particulièrment pour vos enfants, il est extrèmement important que vous exigiez des tissus sans cette merde absolue qui reste dans l'environnement pour des siècles.